Albert FÉRAUD
A l’issue de solides études traditionnelles aux Ecoles des Beaux-Arts de Montpellier, de Marseille et de Paris (dans l’atelier d’Alfred Janniot), Albert Féraud obtient le Premier Grand Prix de Rome de Sculpture en 1951. De cette formation classique, il gardera jusque dans ses excès imaginatifs ultérieurs, le sens et le goût de l’équilibre. Son séjour de quatre ans dans la capitale italienne le met en contact avec les représentants de la jeune sculpture de ce pays, et notamment avec Nino Franchina.
Entre 1950 et 1960, il exécute de nombreuses œuvres en pierre ou en bronze, dont une série de bustes, de nature méditative, qui l’apparentent, par la perfection formelle et l’acuité psychologique, à Bourdelle ou à Despiau.
A partir de 1960, Féraud fait une double découverte décisive : celle du matériau récupéré et celle de la liberté créatrice. L’orientation de son œuvre va s’en trouver entièrement modifiée et, de figurative qu’elle était, va évoluer vers une abstraction de plus en plus marquée.
Après des recherches sur le plomb, au cours de ce que l’on peut appeler la période des « empreintes », plus ou moins archaïsantes, riches d’une belle puissance de suggestion dans l’immobilité rituelle, qui pourrait faire penser à une influence subtile de Giacometti et de Germaine Richier, et à travers eux, de divers arts « primitifs », Albert Féraud s’oriente vers des travaux en fer soudé puis en acier inoxydable. C’est l’époque de ses deux premières expositions importantes, en 1960 et 1961, à la Galerie 7 de Paris. Chaque année depuis lors, une exposition lui est consacrée tant en France qu’à l’étranger (Bâle, Zurich, Montréal, Lucerne, Francfort, Berlin, Varsovie, Turin…). Une importante bibliographie est consacrée à l’œuvre de cet artiste dont le nom est lié, pour l’essentiel, à l’exploration des possibilités de ce nouveau matériau, l’inox, dont Albert Féraud est certainement l’un des plus habiles et les plus inspirés manipulateurs.
Albert Féraud est passionné par la projection, dans l’espace à trois dimensions, de lignes, courbes, volutes et arabesques, dont le plan à deux dimensions était jusqu’alors le terrain d’exécution privilégié. C’est de ce jeu puissant et raffiné, évocateur de productions marines ou forestières, que le sculpteur tire sa végétation formelle, qui semble participer du délire baroque, dont une tradition occidentale, issue des flamboyances gothiques et illustrée encore au début du XXe siècle par Gaudi, maintient la permanence imaginative et le déploiement fastueux. Mais la sculpture de Féraud, jusque dans ses exubérances mouvementées où se manifeste la joie de vivre de l’artiste, garde par son sens de l’harmonie et de l’équilibre, une qualité et une densité plastique qui en font l’intérêt, aussi bien pour l’amateur de sculpture que pour l’architecte à la recherche d’une animation.
Chevalier des Palmes Académiques
Officier de la Légion d'Honneur