« La Ve est-elle la République des sondages ? »
Pour l’intervenant, l’importance des sondages dans notre vie politique trouve son origine dans l’élection présidentielle au suffrage universel direct. L’installation de la présidentielle au centre de la vie du régime (elle devient la voie royale de la conquête du pouvoir) rend en effet incontournable le recours aux sondages. Ils sont l’outil par lequel se mesure le degré de « présidentialité » d’un candidat (à distinguer de sa popularité) ou bien la relation que le chef de l’État entretient avec le peuple durant son mandat (enjeu décisif pour sa réélection). Ils sont également sollicités pour les législatives, dont le rôle est de donner une majorité au président. À partir de 1981, Jérôme Jaffré relève une complète intégration des sondages aux processus politiques, dans les luttes internes aux partis (ils permettent de contester l’appareil) comme dans les mouvements sociaux (ils sont le complément des manifestations). En conclusion, Jérôme Jaffré a tempéré ce constat. Les sondages ne sont qu’un élément de stratégie politique, à utiliser avec discernement. Il est excessif d’affirmer que la Ve République est celle des sondages, mais il faut reconnaître que depuis plus de cinquante ans elle a vécu avec eux en osmose.