« L’opinion publique devant les OGM »
Pour Bertrand Saint-Sernin, qui assura le secrétariat du groupe de travail interacadémique chargé en 2006 par le Conseil économique et social de rendre un rapport sur les organismes génétiquement modifiés, les réticences de l’opinion publique à l’égard des OGM procèdent d’une question qui traverse toute la philosophie occidentale : « Est-il légitime de corriger la nature ? » Mais cela n’empêche pas quelques paradoxes. Ainsi, comme l’a relevé l’orateur, en France, les OGM, plutôt bien acceptés comme médicaments, font pourtant l’objet d’une défiance tenace en tant qu’aliments. Outre que l’industrie pharmaceutique passe pour être strictement encadrée, l’orateur voit avant tout dans ce préjugé le reflet de la croyance rousseauiste selon laquelle tout ce qui vient de la nature serait bon, alors que ce qui provient de l’homme ne le serait pas nécessairement. Si bien que, tout l’enjeu est de parvenir à « transformer ces peurs confuses en un système d’avantages et de risques convenablement évalués et donc, jusqu’à un certain point, mesurables ». Un travail encore en cours car, « il faudra du temps pour connaître avec précision le rôle et l’influence des OGM sur le destin de l’humanité ».