« La solitude stratégique des Européens »
Le propos est parti d’un constat simple : en valeur cumulée, les États européens dépensent davantage que la Chine pour leurs affaires militaires ; pourtant ils sont incapables d’aligner une puissance opérationnelle équivalente, faute de rationalisation dans l’emploi de ces sommes et dans le choix de leurs équipements. Les projets et les déclarations en faveur d’une politique de défense intégrée n’ont certes pas manqué, en particulier ces vingt- cinq dernières années, mais sans parvenir à s’inscrire dans la durée. Si les contraintes budgétaires ont pesé, L. Gautier attribue avant tout ces échecs à un retrait stratégique délibéré au lendemain de la guerre froide, qui a consisté à se reposer sur la protection de l’OTAN. Plus profondément, il interroge le rapport des États européens à la notion de puissance, alors que, a-t-il rappelé, « le rejet de la confrontation, de la coercition et surtout de l’usage de la force est inscrit dans l’ADN de l’Union européenne ».