« Les questions morales et philosophiques soulevées par la stratégie de dissuasion nucléaire »
La possible utilisation de l’arme nucléaire a soulevé, depuis 1945, de multiples interrogations éthiques, mais sous la forme de deux débats parallèles : l’un de nature philosophico-religieuse et à forte teneur critique ; l’autre d’essence politico-stratégique et se rapportant à la seule question de la dissuasion. Pour Nicolas Roche le temps semble venu de forger une authentique « morale de la dissuasion », inscrite dans une finalité historique mondiale. En mettant l’humanité face à l’éventualité de son « suicide collectif », l’arme nucléaire lui fait prendre conscience de sa communauté de destin et l’appelle à bâtir une nouvelle organisation des relations internationales propice à l’établissement d’une « paix perpétuelle ». À la lumière de cet « idéal régulateur » » kantien, la dissuasion acquiert une nouvelle signification. Elle devient un instrument - transitoire - de la domestication de la violence par le droit, dans la perspective d’un désarmement global et négocié.