« Les yeux du Saint-Siège sur les relations internationales de la France »
Plutôt que de retracer la riche histoire des relations entre la France et le Saint-Siège, Philippe Levillain a souligné que le Vatican envisageait notre pays comme « un lieu d’appréciation des convulsions contemporaines entre Jérusalem et Athènes, entre la Foi et la Raison, au cœur de la civilisation européenne depuis des siècles ». L’orateur a distingué trois grandes époques au long des huit dernières décennies. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, « la France joue un rôle clef dans le projet européen du pape Pie XII ». Mais c’est aussi un temps de tensions, au sujet de la décolonisation, anticipée par le Saint-Siège en promouvant les élites locales. Le retour au pouvoir du général de Gaulle ouvre un « âge d’or » même si le Vatican n’épouse pas le point de vue gaullien sur l’Europe et mise sur l’ONU tout en se démarquant, lui aussi, d’un atlantisme étroit, tandis que la législation française sur les mœurs contribue, par la suite, à distendre les liens. Avec l’élection de Jean-Paul II (1978) « l’axe de la civilisation chrétienne se déplace vers l’Est » et, suite à l’opposition française à la mention des origines chrétiennes de l’Europe, la France est regardée comme « la terre d’un humanisme chrétien en voie de déshérence ». Sur ce point, toutefois, le défi concerne tout l’Occident et la singularité française est de moins en moins ressentie comme telle.