Deux poèmes de Marie de Régnier
Lecture de deux poèmes de la poétesse de la Belle Époque Marie de Régnier, fille de José Maria de Heredia et épouse de Henri de Régnier, tous deux membres de l’Académie française : La Solitude des femmes et La Robe bleue vous sont lus par Krista Leuck et Virginia Crespeau.
Marie de Régnier (1875-1963) est mieux connue sous le nom de Marie de Heredia - elle était en effet la fille du poète José Maria de Heredia, élu à l'Académie française en 1894 - ou encore sous celui de Gérard d'Houville, son pseudonyme masculin.
Muse de la Belle Époque, poétesse et femme fatale, Marie de Régnier fait irruption à une époque, celle que l'on a qualifié de "Belle", où les femmes commencent à tenir un rôle important dans la vie littéraire parisienne, un monde qui leur était jusqu'alors très étroitement ouvert.
Dans les vers de la belle et sulfureuse poétesse dominent les thèmes de l'amour et de la mort.
À noter que, commem son père, son mari Henri de Régnier, poète et romancier, fut lui aussi élu à l'Académie française le 9 février 1911.
Canal Académie vous propose de découvrir, grâce à la lecture de Krista Leuck, deux poèmes signés Marie de Régnier. Le premier s'intitule La Solitude des femmes ; le second, La Robe bleue.
Extraits :
LA SOLITUDE DES FEMMES
As-tu peur ? Te voici seule avec le silence…
Aucun souffle… aucun pas… nulle voix et nul bruit…
Seule comme une fleur que nul vent ne balance,
Seule avec ton parfum et ton rêve et la nuit.
As-tu peur ? Te voici seule avec la ténèbre,
Seule comme une morte au fond de son tombeau ;
Tout est pesant et noir, taciturne et funèbre,
Malgré l’amour si proche et le bonheur si beau.
As-tu peur ? Te voici toute seule avec l’ombre,
Seule comme une étoile au moment du matin ;
Comme un papillon d’or au fond d’un jardin sombre
Se meurt en palpitant pour son soleil lointain…
LA ROBE BLEUE
Quelquefois vous portiez une robe très bleue
En satin d'Orient que brodaient des vols d'or;
Tout un golfe d'Asie ondoyait dans sa queue
Et mes rêves d'enfant y sont bercés encore.
Vous fumiez... et l'odeur de la pâle fumée
Venait se mélanger à vos divers parfums
Et je vous respirais, ô ma mère embaumée
Avec le front caché dans vos lourds cheveux bruns.
Comme vous sentiez bon, ô ma mère nonchalante !
Vous étiez, ténébreuse et pleine de clarté
Semblable à quelque vague à la fois sombre et lente
Qui mire obscurément les astres de l'été.
En savoir plus :
Lien internet :
www.latribunedelart.com/Expositions_2004Marie_de_regnier.htm
À noter :
Henri de Régnier, L'Altana ou la vie vénitienne 1899-1924, Éditions Bartillat, 2009
La fiche de José Maria de Heredia sur le site de l'Académie
La fiche de Henri de Régnier sur le site de l'Académie