Le narrateur des hommes en paix
Un jeu culturel pour tester vos connaissances en littérature : voici dix indices biographiques, la lecture de dix extraits de l’oeuvre de cet auteur caché, et moins de dix minutes vous aurez trouvé de qui il s’agit, un grand nom de la littérature qui fut, bien sûr, académicien !
La lecture des extraits est assurée par le comédien Fernand Guiot.
1er indice :
Il concerne le nom de notre auteur qui est célèbre par son nom de plume, mais qui, pour l’état civil, a été déclaré sous un autre nom, celui de son père évidemment, Louis Farigoule. Papa Farigoule étant instituteur à Paris, notre auteur passe sa jeunesse dans la capitale même si son lieu de naissance fut en Auvergne, dans le Velay, la Haute-Loire, à St Julien de Chapteuil pour être précis.
2ème indice :
Jeune homme, à peine sorti de sa classe de Khâgne, en 1903, notre auteur a une révélation, celle de la « vie unanime », l’unanimisme. La vie unanime c’est d’ailleurs le titre d’un recueil poétique qu’il publie en 1908, et qui compte parmi les œuvres poétiques qu'il écrira toute sa vie durant, même s’il est devenu célèbre non par ses poèmes mais par ses romans. Alors voici quelques uns de ses titres poétiques qui jalonnent sa carrière : l’Ame des hommes, Odes et prières, Un être en marche. Pierres levées, Amour couleur de Paris, l’Homme blanc…
3ème indice :
Notre poète, certes écrit des vers, mais il a une conception personnelle de la versification. Il a d’ailleurs publié un Petit traité de versification, en 1923, pour dire qu’il est opposé au vers libre, qu’il s’accorde quelques licences avec la métrique et qu’il ne sent pas contraint par la rime…
En voulez-vous un exemple ? Voici une première lecture extrait de son recueil « Un Etre en marche ». Il y raconte la sortie en banlieue d’un pensionnat de jeunes filles…
- Il fait soleil. Elle s’en va, la pension
De jeunes filles
Elle repousse les murailles, comme l’on
Se déshabille…
Elle glisse, en longeant la cour, vers le perron
Et vers la gille ;
le gravier du chemin fait un bruit de garçons
Qui jouent aux billes...
4ème indice :
Mais cessons de parler de poésie pour aborder le roman. Déjà, en 1911, alors que, jeune agrégé, il enseigne la philosophie, il publie ses premiers romans, Mort de quelqu’un et Les copains. La guerre de 14 va momentanément stopper son élan : il est mobilisé dans le service auxiliaire. Et bien qu’il n’ait jamais connu le front, il saura, plus tard, le décrire avec une admirable vérité.
5ème indice :
Après la guerre, dans les années 20 et 30, paraissent ses premières œuvres maîtresses, au théâtre : sa pièce M. le Trouhadec saisi par la débauche remporte un vif succès, au point qu’il en écrira une triologie, puis sa farce satirique Knock ou le triomphe de la médecine est, justement, un triomphe. Le talent de Louis Jouvet, qui crée la pièce en 1923, n’y fut pas étranger.
Voulez-vous goûter la vigueur du style et la verve efficace de notre auteur dans la farce ? Voici, lu par Fernand Guiot, un court extrait où Knock dialogue avec le bon vieux docteur Parpalaid qui lui a vendu sa clientèle :
- Knock : Il y a une vingtaine d’années, ayant dû renoncer à l’étude des langues romanes, j’étais vendeur aux « Dames de France » de Marseille, rayon des cravates. Je perds mon emploi. En me pronenant sur le port, je vois annoncé qu'un vapeur de 1700 tonnes à destination des indes demande un médecin, le grade de docteur n'étant pas exigé. Qu'auriez-vous fait à ma place ?
- le docteur : Mais... rien sans doute.
- Knock : Oui, vous, vous n'aviez pas la vocation. Moi, je me suis présenté... (écoutez la suite)
Toute cette pièce est un régal, et les scènes sont dignes de Molière, sous le patronage duquel notre auteur caché se place ouvertement.
6ème indice :
Dans les années 20, sachez que notre auteur était, avec Pirandello et George Bernard Shaw, l’un des trois dramaturges de son temps les plus joués dans le monde.
7ème indice :
Et pourtant, dès les années 30, il entame la rédaction de son « roman-fleuve », très original dans sa conception. Il publiera d’abord 4 tomes, puis deux tomes par an pendant plusieurs années. Ce travail d’écriture titanesque ne l’empêche pas de faire de la politique : entre les deux guerres, il se lie avec Edouard Daladier, soutient le Front populaire, se montre antifasciste et pourtant, croit à l’amitié possible entre l’Allemagne et la France, même après l’accession d’Hitler au pouvoir. Arrive la Seconde guerre mondiale, notre auteur gagne les Etats Unis puis le Mexique. Et de là, il poursuit la rédaction de son œuvre grandiose qui comporte 27 volumes !
8ème indice :
En 1945, notre auteur est poussé par son confrère Georges Duhamel à se présenter à l’Académie française. Mais il veut de nouveau quitter la France pour le Mexique. Il est donc élu en son absence, le 4 avril 1946, au fauteuil 12. Ce fauteuil était vacant, non par la mort de son prédécesseur, Abel Bonnard, mais, fait exceptionnel, par la destitution de celui-ci pour collaboration avec l’ennemi. Ce qui dispensa notre auteur caché de prononcer, comme il est d’usage, l’éloge de son prédécesseur.
9ème indice :
L’œuvre romanesque de notre auteur est à la fois grandiose et originale. Il s’agit d’une vaste fresque de la vie politique, économique, sociale, entre 1908 et 1933. Une saga comme on dirait aujourd’hui, un immense panorama. Mais avec une méthode particulière parce qu’il ne retrace pas l’histoire d’un héros, mais il décrit, citons-le, –une diversité de destinées individuelles qui cheminent chacune pour leur compte, en s’ignorant la plupart du temps. Il veut montrer le foisonnement de la vie et il décrit, avec une précision scientifique, de nombreux milieux professionnels divers.
Voici, lu par notre comédien Fernand Guiot, un extrait de cette œuvre célèbre. L’homme ici décrit, Vidal, électricien ambulant dont la camionnette aménagée fait l’émerveillement du jeune Charles.
- Viens avec moi à la camionnette. Tu tâcheras de bien te rappeler où je prends mes affaires. Ca pourra te servir pour une autre fois…
10ème indice :
Ce passage permet de mesurer la place importante que notre auteur, dans son œuvre, a réservé au travail manuel et à la dignité de ce travail. Il est extrait du XXVème volume de son œuvre magistrale
Vous l'avez reconnu ? Oui ? Non ? Dans ce cas, cliquez sur le document ci-dessous.
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