Le patriote à la voix inspirée
Une rubrique en forme de jeu culturel pour tester vos connaissances en littérature française. On vous donne 10 indices, on vous lit 10 lignes d’extrait et en moins de 10 minutes, vous devez découvrir de quel auteur il s’agit... Rassurez-vous, c’est un grand classique littéraire qui, bien sûr, fut académicien ! Vous êtes prêt ? A vous de jouer !
Les 10 indices biographiques
1er indice :
Notre auteur, né dans les Vosges, a vécu, lorsqu’il était enfant, en Lorraine occupée par les Allemands après la guerre de 1870. Il est donc lorrain, par sa mère, et très attaché à ses racines, il écrira d’ailleurs, mais plus tard en 1897, une trilogie dont le premier tome s’intitulera les Déracinés.
2ème indice :
Cette terre de Lorraine, il va s’en faire le chantre, devenir « la voix de la Lorraine », ce bastion du patriotisme, prônant la fidélité au sol natal, le « racinement » - le mot est de lui - contre le déracinement. Il devient un écrivain engagé. En 1899, il prononce une conférence restée fameuse : La terre et les morts.
3ème indice :
Dans son œuvre la plus célèbre, il fait revivre sur la colline de Sion-Vaudémont, la dramatique histoire des frères Baillard, trois prêtres qui se donnent pour tâche de réveiller l’âme de la Lorraine.
4ème indice :
Notre auteur est sensible aux lieux où souffle l’esprit, notamment cette colline de Sion, haut lieu des légendes celtiques. Ecoutez-le :
- « Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. L’étroite prairie de Lourdes, entre un rocher et son gave rapide ; la plage mélancolique d’où les Saintes Maries nous orientent vers la Sainte-Baume ; l’abrupt rocher de la Sainte-Victoire tout baigné d’horreur dantesque quand on l’aborde par le vallon aux terres sanglantes ; l’héroïque Vézelay, en Bourgogne ; le Puy de Dôme, les grottes des Eyzies où l’on révère les premières traces de l’humanité ; la lande de Carnac qui parmi les bruyères et les ajoncs dresse ses pierres inexpliquées ; la forêt de Brocéliande pleine de rumeur et de feux follets où Merlin par les jours d’orage gémit encore dans sa fontaine… »
5ème indice :
On le comprend, pour notre auteur, pèlerin passionné, ces lieux portent vers la poésie et la prière. Il s’en explique :
- « Tout l’être s’émeut, depuis ses racines les plus profondes jusqu’à ses sommets les plus hauts. C’est le sentiment religieux qui nous envahit. Il ébranle toutes nos forces. Mais craignons qu’une discipline lui manque, car la superstition, la mystagogie, la sorcellerie apparaissent aussitôt et des places désignées pour être des lieux de perfectionnement par la prière deviennent des lieux de sabbat…
« D’où vient la puissance de ces lieux ? La doivent-ils au souvenir de quelque grand fait historique, à la beauté d’un site exceptionnel, à l’émotion des foules qui du fond des âges y vinrent s’émouvoir ? Leur vertu est plus mystérieuse. Elle précéda leur gloire et saurait y survivre. Que les chênes fatidiques soient coupés, la fontaine remplie de sable et les sentiers recouverts, ces solitudes ne sont pas déchues de pouvoir. La vapeur de leurs oracles s’exhale, même s’il n’est plus de prophétesse pour la respirer. Et n’en doutons pas, il est de par le monde infiniment de ces points spirituels qui ne sont pas encore révélés, pareils à ces âmes voilées dont nul n’a reconnu la grandeur.
« Combien de fois, au hasard d’une heureuse et profonde journée, n’avons-nous pas rencontré la lisière d’un bois, un sommet, une source, une simple prairie, qui nous commandaient de faire taire nos pensées et d’écouter plus profond que notre cœur ! Silence, les dieux sont ici. »
6ème indice :
On admire au passage le style magnifique de notre auteur, simple et incantatoire, avec lequel il célèbre tout à la fois les saintes et les fées ! Il n’a cessé de défendre l’Eglise catholique parce que, depuis des siècles, elle accueille et maintient tous les aspects de la spiritualité. Il voit dans cette religion la continuité de la spiritualité antique. Et cette subtile alliance a forgé, selon lui, la civilisation française. Ecoutez cet extrait tiré d’une autre œuvre intitulée le Mystère en pleine lumière.
« Voici plusieurs mois qu’en feuilletant une brochure chez le libraire, j’ai appris par hasard qu’il existe dans la cathédrale d’Auxerre une image de la Sibylle. Il paraît même que jadis on en voyait deux autres sous le porche. Un vrai nid de Sibylles, cette cathédrale ! Cela m’a tout de suite enchanté d’une manière qu’il m’est assez difficile de rendre claire, fût-ce à moi-même. Ce que j’éprouve, c’est un sentiment profond d’approbation. J’approuve que dans un lieu saint quelque chose de charmant et de mystérieux, que le malheur avait découronné, ait été recueilli avec honneur. La dernière des Sibylles errait silencieusement sans abri. Ses temples d’Europe et d’Asie s’étaient écroulés, et les dieux païens couchés dans le sable ne pouvaient plus la protéger. Le Christ les supplée et reçoit leur fille chérie dans l’ombre de son autel. Quelle émouvante courtoisie de la divinité ! »
7ème indice :
Notre auteur affectionne les trilogies. Il n'a que 26 ans lorsqu'il publie sa première trilogie sous le titre collectif de Culte du Moi qui comprend trois volumes : Sous l’œil des barbares (1888), Un homme libre l’année suivante, et Le jardin de Bérénice en 1891.
8ème indice :
Tout jeune, il entame une carrière politique, qui s’avèrera brillante bien que plus d’une fois orageuse. L’année où paraît son livre Un homme libre, en 1889, il devient député de Nancy. Il a tout juste 27 ans. Lors de l'affaire Dreyfus, il se place en antidreyfusard.
9ème indice :
En 1897, nouvelle trilogie : Les déracinés, suivi de l’Appel au soldat en 1900 et Leurs figures en 1902, trilogie dans laquelle il affirme ses principes et ses théories de fidélité au sol natal. Cette fermeté lui valut cependant autant d’admirateurs que de contradicteurs.
10ème indice :
En 1906, deux carrières s’ouvrent à la fois devant lui : l’Académie française et la chambre des députés. A la tribune, celle de la chambre, bien sûr, il multiplie les interventions vibrantes. Il défend les édifices religieux (mis en danger par la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905), en écrivant La grande pitié des églises de France.
A l’Académie, il prit la succession de José-Maria de Hérédia. Il siégera 17 ans parmi les immortels.
Il relisait des pages de son Mystère en pleine lumière quand la mort vint néanmoins le prendre, le 4 décembre 1923.
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