Psyché, un poème de Pierre Louÿs
Pierre Nora partage avec vous sa passion pour la beauté et l’érotisme d’un poème : celui de Pierre Louÿs, Psyché, rédigé à la fin du XIXe siècle. Il nous en lit un extrait intitulé "Perviligium Mortis" écrit pour Marie de Régnier, fille de José Maria de Hérédia (de l’Académie française).
Pervigilium Mortis
Psyché, ma soeur, écoute immobile, et frissonne...
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Ecoute encor... Personne
N'est plus heureux, ce soir, n'est plus divin que nous.
Une immense tendresse attire à travers l'ombre
Nos yeux presque fermés. Que reste-t-il encor
Du baiser qui s'apaise et du soupir qui sombre?
La vie a retourné nos sabliers d'or.
Rappelez-vous qu'un soir nous vécûmes ensemble
L'heure unique où les dieux accordent, un instant,
A la tête qui penche, à l'épaule qui tremble,
L'esprit pur de la vie en fuite avec le temps.
Rappelez-vous qu'un soir, couchés sur notre couche
Et caressant nos doigts frémissants de s'unir,
Nous avons échangé de la bouche à la bouche
La perle impérissable où dort le Souvenir.
Psyché, Pierre Louÿs
Pierre Nora fut élu à l'Académie française, le 7 juin 2001, au fauteuil de Michel Droit (27e fauteuil).
- Pour en savoir plus: Académie française