Le Doigt de Dieu, Georges Fourest
Il avait violé sa sœur, coupé sa mère
en tous petits morceaux : jugeant la vie amère
et voulant se donner quelque distraction,
il servit à son père une décoction
vénéneuse, du foie et des reins ennemie
(car il avait un peu potassé la chimie).
Cette mixture fit mourir le doux vieillard.
Il était mal poli, journaliste, paillard
trichait au jeu, faisait des vers, fumait la pipe
dans la rue, et le soir se gavait de tripes
à la mode de Caen parmi les croquemorts.
Cependant, il n’éprouvait pas l’ombre d’un remords
et vivait très tranquille et très digne et coulait de
bien beaux jours (comme fait M. Paul Déroulède).
Mais Dieu possède un DOIGT et l’immoralité
ne saurait échapper à la fatalité…
Un matin, comme il avait fait la grande fête
Un pot de réséda lui tomba sur la tête,
et le Seigneur l’admit au Paradis profond
car il était plus vif que méchant dans le fond.