Thomas d'Angleterre : « À tous les amants... »
Ce n'est pas un hasard si les dernières lignes du roman de Tristan et Iseut, écrit par Thomas d'Angleterre au XIIᵉ siècle, ont traversé le temps. La plus grande partie de ce texte a été perdue mais la fin nous est connue. Elle s'adresse à tous les amants, proclamant que la passion amoureuse transcende les souffrances et même les impuretés de l'amour. Michel Zink, de l'Académie française, nous lit ces quelques vers dans la langue ancienne puis dans une transcription contemporaine.
Thomas termine ici son écrit ;
à tous les amants il y adresse son salut,
à ceux qui sont tristes, à ceux que l'amour exalte,
aux envieux, à ceux qui brûlent de désir,
aux voluptueux, aux impurs,
à tous ceux qui entendront ces vers.
Si tous n'ont pas trouvé mon récit à leur goût,
j'ai du moins fait ce que je pouvais et j'ai dit toute la vérité
comme je l'avais promis au début.
J'ai raconté récits et poèmes : je l'ai fait pour servir d'exemple
et pour que l'histoire soit plus belle,
de manière à plaire aux amants
et que par endroits ils puissent y trouver de quoi reprendre coeur.
Puissent-ils y trouver réconfort
contre l'inconstance, contre l'injustice,
contre la souffrance, contre le chagrin,
contre toutes les ruses de l'amour.
Tristan et Iseut, Thomas d'Angleterre