« La géographie, science morale et politique »
Géographe, l’orateur a retracé l’évolution et l’histoire de sa discipline avant de s’employer à définir le domaine de compétence de la géographie et à en montrer l’utilité. « La géographie, a-t-il expliqué, s’intéresse à l’espace et au territoire qui sont des aspects fondamentaux de la réalité terrestre. Elle étudie les localisations, les répartitions et les frontières qui limitent les objets naturels et les artefacts, les êtres, les idées et les représentations quels qu’ils soient. L’ensemble est mobile dans le temps. La géographie est la seule à répondre à la question : pourquoi ici et non là ? » La géographie a donc vocation à servir la cité et à éclairer les choix collectifs, notamment aujourd’hui, alors que « l’humanité dispose d’une capacité de plus en plus grande à utiliser à son service le règne minéral, végétal et animal ». En effet, « seules les connaissances géographiques permettent de transformer la terre de manière harmonieuse et de la conduire de manière aussi durable que possible, bien que ce concept de durabilité, si ressassé aujourd’hui, soit plus que contestable. À mesure que la géographie se construit, elle met de plus en plus en doute la détermination des actions humaines par l’environnement. Elle ne nie pas l’influence de celui-ci, mais elle observe le déploiement d’imagination des sociétés au cours de leur histoire pour le connaître, le maîtriser, en tirer profit, le transformer parfois radicalement. » Des remarques qui dessinent une vision équilibrée du rôle de cette discipline. En effet, si « les géographes ne croient pas aux prophéties autoréalisatrices et millénaristes fondées sur la désespérance , » ils savent en revanche que « l’ignorance en général et, particulièrement l’ignorance géographique, est une arme de destruction massive ».