« La prévision dans les sciences morales et politiques »
Afin de cerner la question délicate de la prévision, l’orateur s’est référé au texte de Pascal sur l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse pour développer la thèse selon laquelle « l’analyse et la prévision, prises comme un tout, sont un art dont la pratique suppose toujours une combinaison d’esprit de géométrie et d’esprit de finesse, dans des proportions variables en fonction de la nature du problème traité. » Une conviction notamment étayée par l’exemple de la prévision en économie, discipline dans laquelle « la tendance n’est plus à la recherche d’une grande théorie unificatrice, mais à la constitution et l’utilisation de petits modèles où l’intuition et le "jugement", donc la finesse, jouent le rôle prépondérant. » Pour l’orateur, il convient de se garder de placer une confiance exagérée dans « l’approche géométrique » pour s’attacher plutôt aux « personnages les plus remarquables de l’histoire, de l’entreprise, de la finance, de la religion, de la criminalité » qui tous ont tous fait la preuve d’une « capacité unique de voir et d’anticiper des situations complexes, c’est-à-dire échappant à l’esprit de géométrie, d’une capacité à changer le monde ».