« Les sciences morales et politiques dans l’horizon du monde chinois »
En janvier 1767, dans le mensuel « Éphémérides du citoyen », sous-titré « Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques », l’abbé Nicolas Baudeau écrit, à propos de la Chine que « ce vaste et magnifique empire, maintenu pendant quarante siècles contre tous les efforts des passions civilisées ou barbares, par la seule puissance de l’esprit philosophique, démontre quelle est la force et l’efficacité des connaissances morales et politiques ». Pour Marianne Bastid-Bruguière, on ne saurait mieux illustrer combien la Chine a représenté, pour les sciences morales et politiques un exemple. Toutefois, comme elle l’a expliqué, ce « modèle chinois » constitue aussi une « construction intellectuelle » notamment due aux jésuites. Si bien que ce n’est véritablement « qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, surtout par la médiation du Japon, et sous la forme des courants de réflexion allemands et anglo-saxons, que des sciences morales et politiques à l’européenne sont entrées dans l’horizon intellectuel des Chinois, sans jamais, jusqu’à présent, s’y substituer entièrement à une réflexion nourrie par la ou les raisons et regards de leurs traditions ».