Faire un enfant sans père, par Gemma Durand, membre de l’Académie de Montpellier
Dans le cadre de la réécriture des lois de bioéthique, la France est sur le point d’autoriser la conception d’enfants au sein d’un couple de femmes ou chez une femme célibataire. Ainsi, il sera possible de faire légalement un enfant sans père. La loi, en encadrant, détermine le normal. Il deviendra normal de concevoir sans homme, il deviendra normal d’être conçu sans père. Cette disparition du père ne touchera pas que ces nouvelles Procréations médicalement assistées (PMA), elle affectera symboliquement l’ensemble des pères. Ce n’est pas un père qui est remis en question, explique le psychanalyste Jean-Pierre Winter [1], mais c’est bel et bien la place de père qui est en jeu. On aurait pu choisir la voie que le professeur Jean-François Mattei indique lorsqu’il rappelle que la loi est là pour donner des règles générales, laissant ensuite à la justice le soin de trancher les exceptions, car le nombre de naissances nouvelles attendu par ces PMA (quelques milliers par an) est faible comparé aux 800 000 naissances annuelles. Mais cette mesure phare de la réécriture des lois dites de bioéthique est un engagement politique, elle représente la grande réforme sociale du quinquennat et vient logiquement s’inscrire après Le mariage pour tous. Ces PMA nouvelles divisent la France en deux. Elles mettent dans l’embarras une Assemblée Nationale et un Sénat qui n’en finissent pas de modifier et de ne pas voter les propositions de la chambre d’en face depuis bientôt deux ans.
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