« Nous sauver ? Un vocabulaire religieux pour dire des choses importantes pour la politique ? »
Depuis une trentaine d’années, en philosophie, mais aussi au sein des débats d’idées des démocraties, on constate la présence de motifs théologico-politiques : il y aurait toujours du religieux au fond des choses politiques, quand bien même la politique se serait sécularisée. Si certains considèrent que les affects religieux sont essentiels au vivre ensemble, d’autres suivent une ligne apocalyptico-messianique et considèrent que l’histoire politique occidentale est mue par une logique qui la conduit à la catastrophe, après laquelle s’ouvrira une phase de rédemption et de salut. Enfin, une dernière ligne affirme que la matrice première des idéaux et des valeurs de l’histoire politique et morale occidentale est une matrice religieuse, d’origine juive et surtout chrétienne. L’invocation fréquente de ces motifs théologico-politiques se banalise tant dans les discours des hommes politiques que dans la sphère médiatique. Pourquoi la langue religieuse envahit-elle si volontiers la réflexion sur les choses politiques ?