« Regards croisés sur le syndicalisme judiciaire : aberration ou nécessité ? »
En Europe, la quasi-totalité des pays autorise les magistrats à se syndiquer. Toutefois, si la Cour européenne des droits de l’homme est favorable à la liberté d’expression des magistrats, elle insiste également sur le fait que la justice doit jouir de la confiance du public. Ainsi, un syndicat est légitime à prendre position tant sur le statut des magistrats que sur l’organisation de l’institution judiciaire, mais il ne lui appartient pas de prendre position en faveur ni en défaveur de tel responsable politique, ni de critiquer les textes qu’il a pour mission d’appliquer. Apparu comme un contre-pouvoir à l’influence traditionnelle et envahissante de l’exécutif dans le fonctionnement de la justice, le syndicalisme judiciaire est donc conforme à nos normes juridiques nationales et européennes et permet aux magistrats qui le souhaitent de participer à une réflexion collective sur leurs conditions de travail et le sens de leur mission. Est-il pour autant nécessaire ? Il l’était lors de sa création pour sortir le juge de la solitude de sa tour d’ivoire ; il est aujourd’hui la conséquence du sort que la France réserve à ses magistrats.