Angelo Rinaldi, Où finira le fleuve

Après six ans d’absence, Angelo Rinaldi, de l’Académie française, revient avec un livre intitulé "Où finira le fleuve", livre qui divise ses admirateurs inconditionnels et... les autres !

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Angelo Rinaldi est à la littérature ce que Chéreau peut être au cinéma : art de la « belle prose », du montage, de la construction... Est-il permis de mettre quelques bémols aux extases réservés aux heureux élus - aux happy few, comme on disait jadis - qui apprécient la digression délicieuse et un brin narcissique, les alambiquages à la Proust, humour peut-être excepté ?

L'histoire paraît-il est celle d'un journaliste, Pierre dit Peter ou Peter dit Pierre, en instance d'être renvoyé de sa rédaction, qui doit interviewer à Londres un peintre éthylique. A Waterloo, morne plaine, qui est une gare au nom de défaite pour les Français - mais de victoire pour les Anglais - trouve sa source un fleuve, né du regard, de la mémoire, des entrelacs d'une rêverie parfois crapoteuse, alimentée par les passants.

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On voit passer des phrases, comme sur un fleuve, on voit passer des branches, filant au gré d'un courant que l'on devine et que l'on suit un moment. Tout, se passe dans un univers en décomposition (« Puisque même aux statues que l'on admire viennent tôt ou tard la mousse verdâtre et la fiente du pigeon »), avec des êtres de naufrage, et des phrases comme : « Si succès il y avait eu, combien le plus souvent eût-il été préférable que la porte se fût refermée sur un rêve plutôt que sur une salle de bains où le silence de la nuit, après l'amour, démultipliait le bruit de la chasse d'eau. »

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