Le dictionnaire de médecine de l’Académie nationale de médecine : 50.000 entrées !
Le dictionnaire de médecine de l’Académie de médecine est un ouvrage numérique consultable sur le site de l’Académie et également disponible en DVDrom. Pierre Delaveau coordinateur du projet, revient sur les dix ans de travail qu’ont nécessité la mise sur pied d’un tel projet. Avec pas moins de 50 000 entrées, il est le plus gros dictionnaire de médecine au monde.
C'est dans les années 1990 que débute l'aventure du dictionnaire de médecine au sein de l'Académie de médecine. « C'est à cette époque que le professeur Sournia directeur général et Hubert Joly secrétaire général du Centre international de la langue française avaient demandé aux médecins et à leurs collègues amis de biens vouloir prendre la charge des secteurs gynécologie-obstétrique, neurologie, ophtalmologie... » explique Pierre Delaveau. Dès lors, les définitions sont arrivées petit à petit mais avec une certaine hétérogénéité.
Entre-temps, le boum d'Internet et des encyclopédies au format électronique battent leur plein. Il est donc décidé d'abandonner l'idée d'une publication papier pour un DVDrom et une mise en ligne gratuite sur le site de l'Académie de médecine. Plus facile à dire qu'à faire ! L'équipe qui s'est constituée autour du dictionnaire travaille encore cinq ans pour faire la chasse aux doublons, harmoniser les informations et ne faire plus qu'un grand dictionnaire mêlant toutes les disciplines au lieu de plusieurs volumes dévolus à chaque spécialité médicale. Et notre invité précise, qu' « aujourd'hui, il est le plus gros dictionnaire de médecine au monde. Il est destiné aux étudiants en médecine et aux praticiens. Mais la nouvelle édition prévue en 2012 prévoit de s'ouvrir à un plus large public. »
On y trouve des notions de physique et d’électronique utilisées dans la médecine actuelle, les maladies rares du monde entier comme des maladies communes. Mais on y trouve aussi des termes n'ayant pas de lien direct avec la médecine comme « absentéisme scolaire », « danger », « pension militaire d’invalidité psychiatrique» ou encore « tatouage ».
« Nous avons hésité à les mettre dans le dictionnaire. Mais si ces mots n'ont pas de lien direct avec les maladies, ils ne sont cependant définis nulle part ailleurs. Nous avons souhaité donner des définitions simples, précises, et actualisées. Par exemple, le tatouage est intéressant du point de vue psychologique, anthropologique" explique Pierre Delaveau.
Les termes touchant à la fois au droit et à la médecine sont mentionnés plus succinctement. Mais les membres du dictionnaires espèrent développer cette partie dans une prochaine édition.
La commission de terminologie et de néologie et l'Académie de médecine
Les membres du dictionnaire de médecine travaillent en étroite collaboration avec la commission de terminologie et de néologie. Car la médecine est un domaine où les néologismes issus de mots anglo-saxons sont nombreux. C'est au sein de cette commission que l'on refuse, accepte ou adapte des mots pour la plupart anglo-saxons.
« Dans ce domaine, nous sommes guidés par les Canadiens qui sont très actifs. Nous restons ouverts, mais prudents. Il ne faut pas sauter sur tous les termes qui font leur apparition ».
Pierre Delaveau nous donne trois exemples :
- Being Drinking : Ce terme est utilisé régulièrement pour parler de ces personnes qui s'alcoolisent très vite pour être en état d’ivresse. La commission de terminologie recherche une alternative en français.
- Gold Standard : Cette fois, les économistes et les entreprises tournées vers l'international ont tendance à parler de Gold Standard quand il existe le terme "nec plus ultra".
- bilanter le malade : Dans ce cas, les jeunes médecins cherchent à aller plus vite par une économie de mot.
Notre invité espère que le dictionnaire de médecine sera un outil supplémentaire pour promouvoir la francophonie.
« Il y a actuellement de gros efforts à faire auprès de nos amis francophones africains et asiatiques. Ils manquent de cadres et d'outils. Nous avons déjà distribué 200 dictionnaire sous forme DVDrom dans les institutions francophones et les facultés sur place. Nous espérons contribuer à la préservation du savoir et de la culture médicale française ».
Pierre Delaveau est membre de l’Académie nationale de médecine, Président de la commission du langage médical. Il a dirigé le dictionnaire de l'Académie de médecine.
Professeur à l'Université René Descartes-Paris V, Pierre Delaveau est également membre de l'Académie nationale de pharmacie.
En savoir plus
- Dictionnaire en ligne de l'Académie de médecine
- Acheter le CDrom du dictionnaire de médecine
- Conseil international de la langue française