Les écrivains chinois
Les écrivains chinois de langue française sont aujourd’hui nombreux. C’est François Cheng qui a inauguré cette littérature chinoise francophone. Son élection à l’Académie française a manifesté l’importance de son oeuvre. Beaucoup de jeunes étudiants chinois qui avaient étudié le français à l’université chinoise, ont choisi l’exil, en France ou au Québec, et sont devenus écrivains de langue française.
Wei Wei, née en 1957 en Chine du Sud, est maintenant installée en Angleterre. Outre le chinois et la langue de son pays d'assueil, elle a gardé l'usage du français, appris dans les universités chinoises. C'est en français qu'elle publie ses romans, dont La couleur du bonheur (maintenant en poche dans la collection L'Aube poche). C'est un roman historique racontant le destin d'une femme chinoise, de 1920 à nos jours, depuis son mariage forcé jusqu'à la traversée de la Révolution culturelle puis son départ pour l'exil. Toujours aux éditions de l'Aube, elle a donné un livre-témoignage terrible : Le Yangtsé sacrifié. La romancière y raconte comment le gigantesque barrage des Trois Gorges dont la construction s'achèvera en 2009, va chasser 1 200 000 habitants, engloutir des milliers d'agglomérations, de nombreux sites archéologiques et dompter le fleuve, qui ne sera plus qu'un dragon vaincu par l'inhumaine technique.
Née à Pékin en 1972, Shan Sa a été une bonne élève de l'enseignement secondaire chinois dont elle a obtenu l'examen terminal. Elle a été lauréate du concours national de poésie des enfants. Mais les événements de la place Tien An Men en 1989 ont constitué pour elle comme pour une génération d'intellectuels chinois une rupture fondamentale, la déterminant à s'exiler. Grâce à l'obtention d'une bourse, elle a pu s'installer en France en 1990 et passer en 1992 les épreuves du baccalauréat français. De 1994 à 1996, elle a été secrétaire du peintre Balthus et elle commence alors à écrire dans sa langue d'accueil, le français.
Son premier roman, Porte de la paix céleste édité chez Folio, raconte les événements de Tien An Men à travers le destin de personnages, très monolithiques, rappelant l'esthétique de l'opéra chinois.
Ya Ding est né en 1956 dans une petite ville du nord de la Chine. Après avoir été envoyé à la campagne avec ses parents pendant la Révolution culturelle, il est revenu étudier à Pékin où il a créé une revue estudiantine. Il s'est fait traducteur de grands écrivains français (de Baudelaire à Jean-Paul Sartre) et grâce à son travail de traducteur qui lui a permis de remporter un prix et une bourse, il est arrivé à Paris avec le manuscrit d'un roman, Le Sorgho rouge, publié chez Grasset en 1987, et réédité dans Le Livre de poche. Son quatrième roman, La Jeune Fille Tong (aujourd'hui dan la collection "Folio" de Gallimard) raconte une histoire en forme de légende ancienne. Zé-Lain, fille du chef d'un village de la vallée Tong, est "visitée" la nuit par une ombre qui s'introduit dans sa chambre et abuse d'elle. Après chacune ses "visites", son corps se flétrit et vieillit, et-ce qui est pire-la marque de vermillon sur son bras, qui, selon la tradition, doit attester sa virginité, disparaît un peu plus chaque matin. Mais Zé-Lain va réagir. Elle se lance dans une longue quête initiatique pour retrouver son "visiteur" (qu'il soit homme ou démon) et elle va en tirer vengeance.
Evidemment, comme le légendes, le roman se prête à beaucoup de possibilés d'interpétations symboliques.