Monique Cormier ou la passion québécoise des dictionnaires

avec Monique Cormier, linguiste, de l’Université de Montréal
Avec Hélène Renard
journaliste

Le 4 avril 2008, s’est tenue, à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec, la troisième Journée québécoise des dictionnaires, lancée à l’initiative créatrice de Monique Cormier.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : pag451
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Les auditeurs de Canal Académie connaissent déjà la Journée française des dictionnaires, lancée en 1993 par notre chroniqueur Jean Pruvost. Ils vont découvrir dans cette émission la version québécoise de cette journée qui, soit dit en passant, a essaimé également en Allemagne et en Italie.

Monique Cormier

L’animatrice-conceptrice-fondatrice de cette Journée québécoise des dictionnaires, Monique Cormier, est professeure titulaire au département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal. En 2005, elle a repris et adapté l’idée lancée en France par Jean Pruvost : consacrer une journée entière à célébrer les dictionnaires et même une semaine (du 31 mars au 2 avril 2008 à Montréal) avec un public large composé tout à la fois de spécialistes, d'étudiants et de lecteurs passionnés !
Pour quelles raisons ? «Parce que notre mission scientifique est de diffuser et communiquer les connaissances», explique Madame Cormier.
Et ce fut d'emblée un immense succès, les Québécois sont en effet très friands de dictionnaires : ils en achètent beaucoup plus que les Français !

Pour cette troisième année, le thème principal était « Les dictionnaires de langue française au Québec, de la Nouvelle-France à aujourd'hui ».

Monique Cormier explique que le Québec se trouve encore tiraillé entre fidélité et autonomie et que cela se traduit jusque dans l’évolution de la langue et donc dans les dictionnaires. Mais on ne saurait parler d'une langue québécoise. Il n'y a qu'une seule et même langue française partagée par différents locuteurs, selon les pays, avec plusieurs particularismes.

Peut-on imaginer la réaction des Québécois lorsqu’ils consultent des dictionnaires français qui ne proposent pas les mots couramment utilisés au Québec ? «Cela contribue», explique Monique Cormier, «à une "insécurité linguistique" et justifie aussi le projet de publication prochaine d'un dictionnaire spécifiquement québecois».
Selon elle, les Québécois se montrent à la fois très créateurs de mots et très conservateurs aussi puisqu'ils utilisent volontiers des mots qui ont disparu de la langue française de France. Des causes historiques peuvent expliquer la conservation de ce que l'on appelle des « archaïsmes ».

Elle évoque également le Multidictionnaire de la langue française publié par les éditions Québec Amérique, le Dictionnaire visuel publié par ces mêmes éditions, et le projet de l’équipe de l’Université de Sherbrooke : le Dictionnaire du français standard en usage au Québec, que l'on appelle en abrégé le « Francus », français québécois d'usage standard. Lequel semble très attendu : une première version doit sortir en 2008 sur internet avec ses 52 millions de mots ! Écoutez à ce sujet l'une de ses rédactrices, Mireille Elchacar.

Avec son confrère Jean-Claude Boulanger, professeur de linguistique à l’Université Laval, Monique Cormier a codirigé un ouvrage collectif qui reprend le titre de la Journée des dictionnaires : Les dictionnaire de la langue française au Québec, de la Nouvelle France à aujourd’hui, ouvrage publié par les Presses de l’Université de Montréal qui n'offre pas seulement les actes de la Journée mais propose des textes rédigés spécialement et inédits.

On peut mentionner qu’à l’occasion de cette Journée des dictionnaires 2008, le lexicographe Alain Rey a été honoré du titre de Docteur honoris causa de l’Université de Montréal pour son immense contribution au renouveau de la lexicographie française contemporaine.

En savoir plus :

- Journée des dictionnaires 2008
- Monique Cormier

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