Francis Balle : Médias & sociétés, 13e édition
Spécialiste des médias, professeur de sciences politiques à l’université Panthéon-Assas (Paris II) ancien membre du CSA, Francis Balle présente dans cette émission son livre Médias et sociétés, ouvrage de 800 pages, véritable Bible des médias, dont la 13e édition éditée chez Montchrestien est parue en septembre 2007. Il évoque le thème de sa conférence de Carême, donnée le 11 mars 2007, sur le thème Communiquer, vérité et médias.
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Première partie de l’émission : « Médias et sociétés » : des évolutions en rafales
Médias et sociétés traite de tous les médias (édition, presse, cinéma, radio, télévision et Internet) en France et à l’étranger, sous tous leurs aspects, d’un point de vue pluridisciplinaire, à la fois juridique, sociologique et économique.
Publié pour la première fois en 1980, ce livre a évolué avec le paysage des médias, qui a été marqué par une succession d’innovations en rafales depuis 1960 pour la télévision, avec, en 1975, l’arrivée du câble et du satellite, puis dans les années 80, avec le minitel, Internet et les CD audio, et les années 90 avec le développement d’Internet. Le rythme s’est accéléré à la fin du XXe siècle.
Les deux moteurs d’accélération furent le haut débit et le téléphone portable.
Quelles sont les perspectives d’évolution pour les dix ans à venir ? Francis Balle recommande la prudence dans les prévisions et de ne pas regarder du côté des techniques mais de la demande. Dans deux secteurs, celui de l’éducation et celui de la santé où les attentes de nos contemporains sont fortes, celle-ci pourrait susciter l’apparition de nouveaux services multimédias.
Parmi les thématiques abordées dans Médias et sociétés, Francis Balle analyse le rôle des médias, des « mandarins » et des marchands. Depuis l’essor de la presse au XIXe siècle, les médias permettent de faire bénéficier le plus grand nombre des savoirs et de la culture. Les mandarins –hommes d’action ou créateurs, politiques, savants ou artistes– ne vivent plus repliés sur eux-mêmes puisque les journalistes, qui sont des médiateurs leur permettent d’accéder au grand public.
Les marchands sont nécessaires pour développer les médias. Mais des lieux protégés, comme les universités et les académies, doivent permettre aux chercheurs et aux artistes de développer leur créativité à l’abri des sujétions du marché.
Interrogé sur la proposition du Président de la République début 2008 de supprimer la publicité pour les chaînes publiques , qui a surpris le monde des médias, Francis Balle évoque le rôle de la télévision publique et les exemples de PBS aux États-unis et de la BBC en Angleterre.
Deuxième partie de l’émission : « Vérité et médias »
« Les médias nous disent-ils la vérité ? Quelles vérités sommes nous en droit d’attendre des journaux et des magazines ? » interrogeait Francis Balle lors de sa conférence de Carême, donnée à Notre-Dame, le 11 mars 2007.
Ils ne peuvent nous proposer que « des vérités partielles, imparfaites, approximatives et provisoires ». Nous devons conserver notre esprit critique, ne pas croire sur parole les médias, estime-t-il, tout en déplorant le rejet par les journalistes de l’idéal d’objectivité, un idéal qu’il considère d’autant plus indispensable qu’il est inaccessible.
Les deux vertus du journaliste sont à ses yeux le souci de la vérité et la sincérité. Être attentif aux faits, être aussi sincère que possible et avouer sa subjectivité sont les trois paliers que doit franchir le journaliste.
Aujourd’hui, les médias d’information connaissent une double crise de confiance : une crise de légitimité et une crise de crédibilité. Il est important d’éviter la critique systématique car les journalistes doivent jouir d’une certaine confiance. L’information est un combat sans fin qui n’est jamais gagné. Pour le mener, le journaliste doit avoir le souci des faits, comme un historien.
Mieux connaitre Francis Balle :
Francis Balle est professeur de science politique à l’Université Paris II Panthéon-Assas où il est responsable du Master recherche sur les médias et du Master professionnel Multimédias. Il dirige l’IREC (Institut de Recherche et d’Études sur la Communication). Il est professeur invité, depuis 1981, à l’Université de Stanford (Californie).
Professeur de philosophie au lycée français d'Oran (1963 1965), assistant à la faculté d'Alger (1965 1967), puis maître assistant à la Sorbonne (1967 1972). Il dirige l'Institut français de presse (IFP) de 1976 à 1986. Vice Chancelier des Universités de Paris de 1986 à 1989, il est nommé en janvier 1989 membre du CSA Conseil supérieur de l'audiovisuel au sein duquel jusqu'à la fin de son mandat, il est en charge du spectre hertzien, des nouvelles normes et des nouvelles technologies.
En savoir plus :
- Les médias (coll. Que sais-je, PUF, 1ère édition 2004, 3ème éd. 2007) ;
- Médias et Sociétés (éd. Montchrestien, 1ère édition 1980, 13ème éd. 2007, 795 pages ; 200 tableaux, schémas ou graphiques).
- Il a dirigé le Lexique Information-Communication (éd. DALLOZ – Coll. Lexiques, 2006)
- Il dirige La revue européenne des médias, revue trimestrielle réalisée par l'Institut de recherche et d'étude sur la communication(IREC)