Jacques Blamont, L’action, soeur du rêve, l’autobiographie d’un passionné de l’espace
Premier directeur scientifique et technique du CNES en 1962, Jacques Blamont, membre de l’Académie des sciences a participé à quasiment toutes les opérations spatiales de ces 50 dernières années. Ce sont autant de souvenirs et de rencontres que l’académicien rassemble dans son autobiographie L’action, soeur du rêve, aux éditions Edite. Un livre sincère qui retrace une vie au service de l’espace.
Jacques Blamont est un aventurier du XXème siècle, comme il se décrit lui-même, qui a consacré sa vie à sa passion : l'espace. Homme d'action lucide, il se retourne sur sa carrière et nous la conte, avec la liberté d'un «vieillard gai» et la sincérité d'un homme qui n'a pas peur du politiquement incorrect. Ancien élève d'Alfred Kastler (prix Nobel de physique en 1966), Jacques Blamont a notamment contribué à l'élaboration des premiers satellites français, comme à l’installation du champ de tir des fusées du CNES à Kourou,en Guyane. Il a durant toute sa carrière, participé à différentes missions qui l'ont emmené en Inde, en Afrique ou encore en Union soviétique...
Pionnier dans l'aventure spatiale, Jacques Blamont détaille les moments forts qu'il a pu vivre au gré de ses différentes collaborations avec la communauté scientifique mondiale. «L'une des caractéristique du scientifique est d'aller vers les autres», rappelle l'académicien qui avoue tout de même regretter, avec le recul, le «manque d'engagement de la France dans les affaires spatiales mondiales», ce virage que la France, d'après lui n'a pas su prendre, lui l'a amorcé et en a fait le centre de sa vie. Ainsi relate-t-il l'un de ses succès les plus marquants : l'exploration planétaire par aérostats avec l'envoi, en 1985, d'un ballon sur Vénus par les sondes soviétiques Vega. (Un projet qu'il raconte dans son ouvrage Vénus dévoilée, aux éditions Odile Jacob), l'histoire extraordinaire de ma vie», selon ses mots.
Dans cet entretien, Jacques Blamont évoque également, parmi toutes les personnalités qu'il a pu croiser durant sa carrière, celle qui l'a le plus touché :Roald Sagdeev, l'ancien directeur du programme soviétique scientifique spatiale planétaire. Un homme «hors du commun, notamment car il y avait en lui le mystère profond de l'Union soviétique.»
Dans la dernière partie de cette émission, Jacques Blamont exprime les doutes qui l’habitent au sujet de notre société d'aujourd'hui: «il s'est passé quelque chose dans ces 30 dernières années que personne n'avait prévu : l'augmentation énorme de la population et surtout sa consommation des ressources naturelles.»
Ainsi, il explique avoir tenté d'élaborer «un code de responsabilité éthique et morale adapté à la situation du monde au XXI ème siècle.» Pessimiste, il craint que la pénurie soit inévitable et source de conflit majeur dans les décennies à venir. Il en a donc appelé à une gouvernance mondiale qui régulerait intelligemment la consommation du pétrole, des terres arables... mais c'est une solution qui apparaît comme impossible à s'instaurer. Jacques Blamont défend alors une dernière perspective : celle d'avoir recours aux forces spirituelles. Agnostique, il reste tout de même persuadé que les religions peuvent modifier les comportements et faire passer le message d'un changement de conscience. (Un projet qu'il définit plus en profondeur dans une autre émission de Canal Académie Jacques Blamont : Propositions urgentes pour un futur menacé)
Actuellement conseiller bénévole auprès du président du CNES, Jacques Blamont offre dans son ouvrage, l'exemple d'une carrière dévouée au service de la recherche spatiale. Du rêve, il est passé à l'action.
- Retrouvez d'autres émissions avec Jacques Blamont sur Canal Académie :
- Jacques Blamont : Propositions urgentes pour un futur menacé
- Les débuts de la recherche spatiale française (1/2)
- Une seconde vie pour le pôle universitaire de Guyane
- Consultez la fiche de Jacques Blamont sur le site de l'Académie des sciences