Jean Delumeau : Le mystère Campanella
Campanella, calabrais, naît en 1558. Fils d’un père analphabète, il va devenir un philosophe de renom international, au destin digne d’un héros. Emprisonné pendant une trentaine d’années, il en ressortira pour devenir l’astrologue particulier du pape ! Jean Delumeau nous dresse le portrait de celui qui était, à son époque, aussi célèbre que Galilée...
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La vie de Campanella est un véritable roman où rien ne manque : les complots, les évasions de prison, les tortures, les succès et les relations mondaines !
Surdoué, il entre à 13 ans chez les Dominicains et prend l’habit en 1582. Il a alors 24 ans. Il dévore tous les livres, très influencé par Telesio et son De rerum natura, et écrit ses premiers traités contre Aristote.
À Naples, il a la volonté d’interroger la nature, de renouer la science et la philosophie… aristotelicienne ! Il se passionne également pour l'astrologie.
Mais sa pensée « politiquement incorrecte » aux yeux de l’Église, va lui valoir des ennuis : on lui impose le retour en Calabre, il s’enfuit à Florence ! Puis à Padoue où il est emprisonné dès 1593 ou 94.
C'est à partir de ce moment-là que sa vie est une succession de geôles, d’astreintes à résidence, de procès… Emprisonné ensuite à Rome, il est
compromis dans une conjuration de Calabre (contre le roi d’Espagne) où il passera 27 ans de sa vie (de 1599 à 1626) dans des conditions inhumaines !
Comdamné à mort, il est finalement grâcié, car considéré comme fou (une folie simulée). Mais durant de longues années, il souffre de tortures inimaginables.
En prison, il demande inlassablement sa libération et continue parallèlement à écrire et à surveiller (même enfermé) la publication de ses œuvres.
Enfin libéré en 1626, Campanella, réputé pour sa science des étoiles, devient l'astrologue confidentiel d'Urbain VIII, à qui un horoscope annonçait une mort prochaine. Mais le pape, contraint par la conjoncture religieuse de l'époque, ne peut lui maintenir son appui et favorise sa fuite pour la France.
Là-bas, il entretient des liens avec Richelieu (dont il devient une sorte de conseiller politique). Sa route croise aussi celle de Mazarin.
Il passe les dernières années de sa vie comme astrologue de la Cour où il décède en 1671 après avoir dressé l’horoscope du dauphin, le futur Louis XIV.
Au cours de cette émission, quelques aspects de sa pensée sont également examinés :
- sa philosophie : anti Aristote mais pas anti Saint-Thomas
- son grand projet à la fois philosophique, métaphysique et politique : la Cité du soleil, très en avance du point de vue social
- la magie
- la science fondée sur l’observation
- la politique
- la prophétie et le millénarisme
En savoir plus :
Jean Delumeau, Le mystère Campanella, éditions Fayard, 2008