Jean-Paul Poirier : L’abbé Bertholon, un électricien des Lumières
N’y a-t-il rien de plus malheureux pour un personnage célèbre que de tomber dans l’anonymat ? Il semble bien que ce fut le sort de l’abbé Pierre Bertholon (1741-1800) électricien des Lumières, membre de plusieurs Académies des sciences de Province. Heureusement, il est mort avant de s’être vu sombrer dans l’oubli ! Récit en compagnie de Jean-Paul Poirier, auteur d’un livre à son sujet.
_
Titulaire de la chaire de physique expérimentale des États généraux de Languedoc à Montpellier, l’abbé Bertholon (1741-1800) fut l’un des « électriciens » le plus en vue, à l’époque où s’affirmait la physique de l’électricité statique. Véritable « people » du XVIIIe siècle, il fut cependant très vite oublié ; tellement vite que moins d’un siècle après sa mort, on l’appelait « Nicolas », sa date de naissance était erronée et il disparut presque instantanément des dictionnaires.
Pourtant, s’il n’a pas réalisé d’invention ou fait de grandes découvertes, il a été le propagateur de nombreuses expériences. La plupart de ses mémoires portent sur l’électricité artificielle et atmosphérique mais aussi sur les météores, les aurores boréales, ou encore la foudre (il fut le promoteur de l’invention du paratonnerre de Benjamin Franklin en France).
Plus original, il s’est aussi intéressé à la cause selon lui « électrique » des tremblements de terre ; et de la même manière qu’il existe des paratonnerres, il avait imaginé un « para-tremblement de terre » !
Pour la petit histoire, jusqu’à la fin du XVIe siècle, on imaginait que les tremblements de terre étaient des ouragans souterrains, des souffles emprisonnés dans les cavernes de la Terre, qui l’ébranlaient en cherchant à s’échapper ;
Mais suite au tremblement de terre de Londres en 1750, l’hypothèse de la source électrique est émise. On pense alors que les cavités souterraines aux parois revêtues de souffre et de bitumes, remplies d’eau, agissent comme des bouteilles de Leyde dont les décharges produisent des secousses : les tremblements de terre.
Il voit partout l’influence d’un fluide électrique : sur les plantes dont il favoriserait la germination et la croissance (il avait inventé l’électro-végétomètre). Mais également l’influence de fluide électrique sur les êtres humains qui agirait sur l’état de santé. On peut le considérer en ce sens comme l’un des théoriciens de l’électrothérapie.
Il rassembla ainsi l’essentiel de son œuvre dans trois livres :
- De l’électricité du corps humain dans l’état de santé et de maladie (1780)
- De l’électricité des végétaux 1783
- De l’électricité des météores. 1787
Mais l’abbé Bertholon s’intéressa aussi à la taille de la vigne, à la salubrité de l’air, des villes, à la théorie des incendies…
Découvrez ce personnage original en compagnie de Jean-Paul Poirier, auteur d’un ouvrage à son sujet : L'abbé Bertholon, un éléctricien des Lumières en Province.
Jean-Paul Poirier est membre de l'Académie des sciences et du Bureau des longitudes. Il est physicien émérite de l'Institut de physique du globe de Paris.
En savoir plus :
- Jean-Paul Poirier membre de l'Académie des sciences
- Jean-Paul Poirier sur Canal Académie
Jean-Paul Poirier, L'abbé Bertholon, un éléctricien des Lumières en Province, éditions Hermann, 2008