Jean Tulard, historien positiviste, passionné de BD, de cinéma, de gastronomie... et de romans policiers !
Dans Détective de l’histoire, Jean Tulard au fil de ses entretiens avec Yves Bruley évoque son parcours et les passions qui l’animent. Il revient aussi sur le métier d’historien et ses méthodes, finalement proches de celles du détective.
- Jean Tulard a choisi l’histoire presque par hasard. A l’origine il se destinait à la magistrature. Étudiant en histoire à la Sorbonne, au moment de choisir un sujet de maîtrise, il se tourne vers sa mère, conservateur des archives et du musée de la préfecture de Police, à Paris, quai des Orfèvres. C'est ainsi que son mémoire porte sur La Création et les Débuts de la préfecture de Police, 1800-1815. Voilà Jean Tulard engagé dans l’époque napoléonienne. Par la suite, à la demande de son professeur, Marcel Dunan, il assurera le secrétariat de l'Institut Napoléon qu'aujourd'hui il préside. Parallèlement, professeur à l’ École pratique des hautes études et à la Sorbonne-Paris IV, il y introduit les études napoléoniennes. Quelques années plus tard, il devient le biographe de Napoléon. Il n'en conçoit pas pour autant de passion pour l'Empereur : « Lorsque j’ai publié chez Fayard mon livre sur Napoléon en 1977, Nice-Matin en a fait un compte-rendu cinglant intitulé « Lumière froide sur Napoléon ». On reprochait à ce livre son manque de chaleur [ …] une absence de parti pris. C’était pour moi, le plus beau des compliments. Le biographe doit poser sur son personnage le regard froid du libertin sur sa proie (p102) ».
Le métier d’historien
Membre de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 1994, Jean Tulard revient sur le métier de l’historien et ses méthodes qui se doivent d’être rigoureuses. Il défend l’école positiviste fondée sur le culte du document. Il se montre par ailleurs conscient des limites de sa discipline, toujours en mouvement, et donc de l’obsolescence des livres d’histoire. Ce n’est pas pour autant qu’il s’interdit de tirer des leçons de l'Histoire : "L'engagement de la France en Afghanistan n'est pas sans faire penser à celui de Napoléon en Espagne. On impose par la force un nouveau chef d’État au nom des Lumières en Espagne, de la démocratie en Afghanistan. Mais l'on se heurte aussitôt à un obstacle religieux (le catholicisme en Espagne, l'islam en Afghanistan), à un relief montagneux où peut se développer la guérilla et à des particularismes locaux (régions en Espagne, tribus en Afghanistan). La rébellion est alimentée en Espagne par la flotte anglaise, en Afghanistan par le Pakistan. Je crains que le dénouement ne soit le même (p.176)."
- Toujours est-il que Jean Tulard est devenu une référence incontournable sur Napoléon. Quand un éditeur ou un directeur de magazine veut un article ou un livre sur Napoléon, il fait appel à lui. La télévision aussi le sollicite. Il faut dire qu’il parle volontiers histoire, cinéma, opéra…
En définitive, les passions qu’avoue le professeur Tulard sont la bande dessinée, le roman policier, l’opéra, la gastronomie... et bien entendu le cinéma, son autre domaine de prédilection. Il a d’ailleurs dirigé plusieurs ouvrages sur le sujet dont un Dictionnaire du cinéma et un Guide des films.
Présentation de l’éditeur :
- Au fil de ces entretiens avec un jeune historien qui fut son élève à la Sorbonne, Jean Tulard revient sur son enfance, ses lectures, ses études, sa carrière universitaire, son activité d'académicien.
Dans une deuxième partie, il s'interroge sur le métier de l'historien, ses méthodes qui doivent être rigoureuses, son objectivité (il parle d'un « regard froid ») mais qui ne doit pas exclure une certaine passion. C'est un éloge de l'école positiviste fondée sur le culte du document.
Mais Jean Tulard ne s'est pas enfermé dans sa spécialité : il fut conseiller historique à l'Opéra, membre du conseil d'administration de la Cinémathèque française, chroniqueur à Valeurs Actuelles. Passionné de cinéma (et auteur de dictionnaires des acteurs et des films, collection « Bouquins », qui font référence), il évoque ses amitiés, d'Abel Gance à Léo Malet.
Les auteurs :
- Jean Tulard, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, a enseigné à l’université Paris-Sorbonne, à l’ École pratique des hautes études et à l’Institut d’ études politiques de Paris. Il a également été conseiller historique à l’Opéra de Paris et membre du conseil d’administration de la Cinémathèque française. Il a consacré de très nombreux ouvrages à l’épopée napoléonienne. On lui doit également un Dictionnaire du roman policier (Fayard) et des ouvrages de référence sur le 7ème art : le Dictionnaire du cinéma et le Guide des films (« Bouquins »).
- Yves Bruley, professeur agrégé et docteur en histoire, maître de conférences à l’Institut d’ études politiques de Paris, a été l’élève, puis l’assistant de Jean Tulard. Il est l’auteur d’un essai sur la diplomatie de Napoléon III, Le Quai d’Orsay impérial (à paraître). Par ailleurs, il est chargé de mission à l'Académie des sciences morales et politiques.