La conquête amoureuse a une histoire !
L’historien Jean-Claude Bologne propose une approche historique des stratégies amoureuses. Celles-ci varient au fil des siècles selon les conceptions de l’amour et la position de la femme dans la société. Mais il démontre qu’en dépit des changements, des vocables différents, les buts et même certains gestes de la conquête amoureuse restent les mêmes !
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Peut-on trouver plus beau sujet d'émission ? C’est d’amour que nous parlons mais pas de n’importe quel moment de l’amour : des préliminaires, des premiers pas, des manœuvres d’approche, bref de séduction et de conquête amoureuse.
Jean-Claude Bologne, philologue de formation, historien, a publié, à l’automne 2007, aux éditions du Seuil dans la collection l’Univers Historique, une Histoire de la conquête amoureuse de l’Antiquité à nos jours.
Il est en passe de devenir, si ce n’est déjà fait, le grand historien spécialiste de l’amour sous toutes ses facettes ! Il a en effet publié une vingtaine d’ouvrages dont
- une Histoire de la Pudeur,
- une Histoire du mariage en Occident
- une Histoire du sentiment amoureux, et une Histoire du Célibat
On discerne ainsi l’un des champs de ses recherches historiques, l'autre étant les allusions littéraires, historiques, bibliques, mathématiques et autres.
Son ouvrage se veut une approche historique des stratégies amoureuses et il explique tout d'abord les sources à sa disposition. Il avoue avoir consulté plus de 110 manuels de séduction (dont plus de la moitié sont écrits aujourd'hui, soulignant combien notre époque est friande de ces sujets) !
Il explique ensuite l'évolution du vocabulaire de la stratégie amoureuse. Au fil des siècles, elle a porté différents noms : de libertinage à flirt, des verbes alourder les femmes, galer, séduire, conter fleurette, coqueter, racoler et maintenant draguer… Chaque époque a donc inventé son vocabulaire.
Mais, précise l'auteur, sous ces différents vocables, et malgré les apparences de changement, les techniques de séduction sont finalement les mêmes. Bien que les conceptions de l’amour, selon les époques, invitent à d’autres stratégies, bien que les buts de la conquête influencent aussi les gestes, il demeure qu'il faut toujours séduire, c’est-à-dire obtenir un consentement (il établit alors la différence entre la séduction et par exemple, le rapt ou le viol).
Certains éléments sont permanents (au point qu’on se demande s’ils ne font pas partie d’une panoplie « naturelle » à tout être humain) : l’importance et l'échange du regard, les cadeaux, les "petits mots doux", les lieux de rendez-vous (l'église en fut un et non des moindres).
En historien attentif à l'histoire des mentalités, Jean-Claude Bologne insiste sur l’importance de connaître les codes de la société (ce qui se fait, ne se fait pas), autant pour les hommes que pour les femmes (par exemple dans la danse) et surtout l'importance de montrer qu’on les connaît.
Les lecteurs découvriront les stratégies amoureuses au fil de siècles puisque sept chapitres le guident, de la préhistoire, de l’Antiquité, à nos jours. Jean-Claude Bologne admet que ce découpage par siècle est un peu artificiel mais que la chronologie demeurait la seule manière de présenter ces "manœuvres d'approche" en amour.
Et il pourfend au passage quelques clichés. L’un d’eux, qui a la vie dure, celui qui affirme : le Moyen Âge a inventé l’amour courtois. Certes. Mais Jean-Claude Bologne ajoute les nuances et les précisions indispensables.
L'émission se termine sur notre époque : les stratégies de la conquête amoureuse ont beaucoup changé, à cause du changement des femmes, de ce que l’on appelle la libération des femmes. Mais pour autant, les manœuvres d’approche sont-elles plus faciles ? Est-ce toujours à l’homme de faire le premier pas ? La femme attend-elle toujours les signaux d’approche et donne-t-elle encore les signes de l’acquiescement ? Ou devient-elle une "dragueuse active " ?
Réponses dans cette Histoire de la conquête amoureuse, de l’Antiquité à nos jours parue aux éditions du Seuil.