La Semaine de Suzette : au bonheur des filles !
Auteur de "La Semaine de Suzette, Histoires de filles", Marie-Anne Couderc a reçu le prix Tanesse décerné par l’Académie des sciences morales et politiques. Anne Muratori-Philip, correspondant de cette Académie, nous présente cet ouvrage consacré à un hebdomadaire centenaire.
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Connaissez-vous l'hebdomadaire La Semaine de Suzette, fondé en 1905 et qui a fait le bonheur des petites filles pendant plus de cinquante ans ? Marie-Anne Couderc a établi la chronique de ce journal, dans son livre La Semaine de Suzette, Histoires de filles. Le livre a été récompensé par le prix Tanesse décerné par l'Académie des sciences morales et politiques.
La semaine de Suzette
Trois périodes apparaissent dans l'histoire de ce journal :
- 1905 à 1927 : sous la houlette de sa première rédactrice en chef Jacqueline Rivière : le journal traverse sans encombres la guerre de 14-18.
- 1928 à 1949 : une nouvelle rédactrice en chef, Madeleine-Henriette Giraud, dite "Tante Mad" pour ses lectrices, adapte l'outil à l'époque ; elle mélange éducation et divertissement et fait de la Semaine de Suzette le "journal des petites filles bien élevées". Mais entre 1940-46, Tante Mad saborde sa publication, fait exceptionnel dans l'univers de la presse enfantine.
- de 1949 à 1959, le journal se cherche une nouvelle jeunesse au sein d'une société en pleine reconstruction : les petites filles mûries d'avoir vécu la guerre n'ont plus besoin sans doute d'un journal pour elles seules. en 1960, La Semaine de Suzette disparait définitivement.
Marie-Anne Couderc décrit le système de valeurs de la publication sur la politique nationale, le système familial, la hiérarchie sociale et les distractions. Le but étant d'éduquer en divertissant.
Deux personnages assurent le succès du journal : Bécassine et la fameuse poupée Bleuette.
Autre fait important : la rédaction est à l'écoute de ses petites lectrices et favorise les échanges avec le journal par des rubriques comme La Petite Poste, les Petits Conseils.
Si le journal suit scrupuleusement le code des convenances de l'époque (pas de sexualité), la mort n'est pas écartée des fictions littéraires où la disparition des parents est souvent présente.
Pour l'auteur, La Semaine de Suzette est comme un miroir qui renvoit l'image d'une société enfermée dans le carcan d'une hiérarchie sociale stricte mais dont les premières fissures annoncent une révolution dans l'éducation des petites filles. Cette révolution a sonné le glas du journal.
Marie-Anne Couderc , La Semaine de Suzette : Histoires de filles, éditions du CNRS, 2005