Le commissaire La Mare (1639-1723) et son Traité de la police
Voyant que la peste, après avoir ravagé le nord de la France jusqu’à Rouen, avait épargné Paris, Nicolas de La Mare (1639-1723), alors commissaire au Châtelet, nota : « par le secours du Ciel, la ville capitale dans tous ces temps n’eut aucune atteinte de cette dangereuse maladie... ».
Homme de confiance de Gabriel Nicolas de La Reynie (1725-1709), premier lieutenant général de police de Paris (charge spécialement créée pour lui par le roi Louis XIV), ce commissaire La Mare était un homme zélé. Après la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, il fit démolir le temple protestant de Charenton. Ses qualités le firent choisir par le roi, pour enquêter sur les malversations dans les dépenses de construction du château de Versailles, ou encore pour mettre fin aux émeutes populaires contre le prix du grain, par des mesures appropriées. En récompense, Nicolas de La Mare reçut du roi l'intendance de la Maison de l'un de ses fils légitimés, le comte de Vermandois Louis de Bourbon (1667-1683).
Installé à paris depuis 1664, après un séjour à Rome, La Mare avait d’abord acquis une charge de procureur, puis de commissaire au Châtelet en 1673, où nous le retrouvons donc après cette épidémie. Ce n’est pas pour cette raison que nous avons conservé quelques souvenirs de lui.
Guillaume de Lamoignon (1693-1772), alors premier président à mortier du Parlement de Paris, et avant de devenir plus tard, en 1750, Chancelier de France, demanda à La Mare de réunir les éléments d’un ouvrage sur la police. La Reynie lui ouvrit ses archives et il eut accès à la bibliothèque de Colbert. Ce qui démontre la confiance que l’on avait en ce personnage.
Le Traité de la Police (où l'on trouvera l'histoire de son établissement, les fonctions et les prérogatives de ses magistrats, toutes les lois et les règlements qui la concernent, une description historique et topographique de Paris, un recueil de tous les statuts et règlements des six corps de marchands, et de toutes les communautés des arts et métiers) fut publié successivement en 1705 et en 1710, chez Jean et Pierre Cot et Michel Brunet. Une seconde édition complétée pour les deux premiers tomes, plus un troisième sortirent chez Jean-François Hérissant en 1722.
Après la mort de La Mare, un quatrième tome, intitulé Continuation du traité de la police… De la voirie, de tout ce qui en dépend ou qui y a quelque rapport, fut rédigé par son secrétaire Anne Le Cler du Brillet, et sortit chez le même Hérissant, en 1738. On note aussi une réimpression hollandaise, datée de 1729, pour les trois premiers tomes. Ces deux éditions doivent être complétées par le quatrième tome de 1738.
L’ouvrage devait être divisé en douze livres, mais seuls les six premiers virent le jour. En voici un descriptif sommaire : de la police en général, de la religion, des mœurs, de la santé, des vivres et de la voirie, avec une description de Paris sous Louis XV, illustrée par un grand plan dressé par l’abbé Delagrive, plus celui des fontaines de Paris, avec la conduite des eaux dans la ville (dans le 4e tome).
Le cinquième livre, consacré aux lois et aux règlements des vivres et des denrées, remplit en entier les tomes second et troisième, ce qui permet de ranger ce livre parmi les traités touchant la gastronomie, car il traite de manière très étendue du blé et des grains, du pain, de la viande et du gibier, du poisson de mer, du poisson d'eau douce, des œufs, du beurre et du fromage, des fruits et des légumes, du vin, de la bière et d'autres boissons, du bois, du charbon... et tous les métiers s'y rattachant.
« Cet ouvrage n’est pas, dit l'auteur, un simple recueil d'ordonnances, comme je me l'étais d'abord proposé ; ce sont des dissertations sur toutes les matières de police ; c'est une histoire de toutes les lois et de tous les règlements depuis l'établissement de la plus ancienne des républiques jusques à présent ».
L'illustration de l'ensemble de l'ouvrage comprend neuf grands plans dépliants de Paris, gravés en taille-douce par A. Coquart, qui en a réalisé sept , et N. de Fer. Un autre est non signé. Sans oublier le plan des fontaines de Paris, que nous évoquions il y a un instant.
Dès les premières pages de son Traité, La Mare donnait une définition large de la police, comme un « art de procurer une vie commode et tranquille ».