L’endettement public, ce terrible fardeau... Une étude du Cabinet PrimeView
Les associés du cabinet PrimeView, les économistes Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier, co-auteurs d’une analyse récente sur l’endettement public, douloureux sujet, sont invités par Jean-Louis Chambon à exposer les résultats de leur étude et à faire partager leurs réflexions.
L'endettement public, ce terrible fardeau... est paru en mars 2010 dans la revue « Outlook. Economic strategic paper » du cabinet PrimeView. À l'origine de l'étude : Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier, tous les deux fondateurs du cabinet.
Sur l'ingérence des États dans la crise économique
Le retour des États au premier rang de l'ordre économique et financier mondial semblait devoir constituer pour nombre d'acteurs et d'observateurs la réponse universelle et incontournable pour réguler les échanges dans le monde de « l’après » (crise), et instiller de la morale dans des marchés en proie à l'irrationnel et à la perversité. Quelques voix s'élevaient bien contre cette logique ; « au secours l'État revient ! » déclaraient–ils, passant le plus souvent pour d’horribles adeptes du tout libéral, mais « vox clamantis in deserto »... Il n'est pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Les premiers exposés étaient ceux qui croyaient enfin avoir trouvé une validation à leurs thèses visant à placer l'économie dirigée ou socialisée au niveau le plus haut dans l'organisation planétaire. Quant à l'endettement public, il était vu comme une source inépuisable de profits futurs. Ne parlait-on pas de bonne et de mauvaise dette, la bonne ressemblant en tous points à la potion magique d'Astérix ?
Las ! Le réveil est très douloureux car si les interventions étatiques ont paru un temps apporter une forme de confiance, c'est au prix d'un alourdissement d'une situation d'endettement jusqu'alors relativement occultée, en tous cas renvoyée pour examen aux prochaines calendes…
Ainsi comprend-on cette introduction sans concession des deux co-auteurs Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier à leur note :
- « Si la forme de la reprise mondiale est encore incertaine, une chose est sûre, l'endettement public des pays industrialisés sera de plus en plus une source d'inquiétudes… »
L'endettement public, le boulet de la République
Dans une précédente étude, le cabinet PrimeView (mars 2009) soulignait que l'endettement public augmentait en moyenne de 86 % durant les trois années qui suivent une crise financière. Dans le cas présent, la dette des pays industrialisés est passée de 35 000 milliards de dollars en 2006 à 54 500, portant le ratio de dette sur PIB à plus de 98 % en moyenne en 2010. Or, historiquement, un taux supérieur d'endettement à 90 % a toujours constitué un frein majeur à la croissance potentielle d'un pays : la croissance chute alors de plus de 3,5 % en moyenne sur l'ensemble des 44 pays retenus par PrimeView depuis l'après-guerre. D'ailleurs notent les auteurs, si des épisodes de fort endettement public ne sont pas rares sur de longues périodes, ils sont en règle gérérale consécutifs à des efforts de guerre, la reprise se faisant alors logiquement par la reconstitution d'un appareil productif dévasté : une forte croissance accompagnée d'une forte inflation, elle-même acceptable par la logique de la reconstruction. Or, cette fois-ci, les déficits sont devenus structurels et n'ont pas de lien avec une situation de guerre mondiale (en tout cas sous sa forme classique). Aussi, il faut s'attendre à des efforts sans précédent et inopinés sous bien des aspects que les pays développés devront consentir pour retrouver un niveau acceptable, sans sacrifier les générations futures : retraites, santé, modèle social... autant de questions qui vont devenir assourdissantes.
Les auteurs estiment que nous sommes entrés dans un cycle déflationniste de 5 à 10 ans à l'exemple de celui que connaît le Japon. Quels sont les chemins et les choix possibles ? Quelles seront les conséquences sur les marchés financiers ? Va-t-on vers un krack obligataire généralisé ? Une éventualité que les auteurs écartent en partie dans leur analyse.
Les deux auteurs s'attendent en outre à des marchés-actions particulièrement difficiles, qu'ils estiment, contrairement à un certain consensus, encore chers. Des éléments de réponses et des interrogations fortes qui débouchent sur des débats souvent interdits… et dont l'étude L'endettement public, ce terrible fardeau... souhaite apporter des axes de réflexions.
En savoir plus :
- Le cabinet PrimeView
- Une émission avec Pierre Sabatier : La Chinamérique. Un couple contre-nature ?