Les lieutenants de Pasteur : Duclaux, Roux, Calmette, Yersin et Metchnikoff
Ils s’appellent Duclaux, Roux, Calmette, Yersin et Metchnikoff. Ces noms ne vous disent peut-être rien, pourtant, en dignes successeurs de Louis Pasteur, ils ont contribué à réduire la mortalité dans le monde en mettant au point tout au long des XIXe et XXe siècles les vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la rougeole et le BCG. Maxime Schwartz, co-auteur avec Annick Perrot de Pasteur et ses lieutenants nous dresse leurs portraits.
Deux révolutions fondamentales au cours du XIXe siècle ont permis de diminuer considérablement la mortalité : l'hygiène et la mise au point des premiers vaccins après celui de Jenner pour la variole au XVIIIe siècle. Et c'est en 1888 que l'Institut Pasteur a vu le jour avec pour mission de travailler à la prévention des maladies infectieuses et d'enseigner les connaissances acquises aux jeunes chercheurs.
Emile Duclaux[[Membre de l'Académie des sciences]] fut le premier à succéder à Pasteur au sein du célèbre Institut. Plutôt porté sur les questions agricoles, Duclaux s'est penché sur la fermentation du lait et de la bière. Il a également travaillé sur la maladie du ver à soie.
Emile Roux[[Membre de l'Académie des sciences]] (1853-1933) travailla dans l'ombre de Pasteur, notamment dans l'élaboration du vaccin contre la rage.
Il mit également sur pied un sérum avec son confrère Alexandre Yersin pour soigner la diphtérie qui provoquait à l'époque de véritables pandémies. La sérothérapie était née. (Il faut attendre les années 1930 pour que soit développé le vaccin contre la diphtérie).
Outre la découverte du bacille de la diphtérie et le sérum pour soigner cette maladie infectieuse, on doit également à Alexandre Yersin (1863-1943) la découverte du bacille de la peste avec Albert Calmette et la mise au point d'un sérum immunisant contre la peste bubonique. Installé en Indochine, Alexandre Yersin fut à l'origine de la construction de l'Institut Pasteur de Saigon pour poursuivre les recherches sur les maladies infectieuses des animaux.
Albert Calmette[] (1863-1933) est célèbre pour avoir développé le vaccin contre la tuberculose : le BCG[[BCG signifie « vaccin bilié de Calmette et Guérin ».]].
Mais son nom fut entaché en 1930 par le drame de Lübeck en Allemagne où des nourrissons décédèrent au cours d'une campagne de vaccination contre la tuberculose. Le vaccin manipulé par un laboratoire sur place avait laissé échapper une souche virulente contaminant le vaccin et tuant des dizaines d'enfants. Au final Calmette fut blanchi, mais l'immunologiste resta touché par cette affaire.
Calmette développa également au cours de sa carrière des sérums anti-venins toujours utilisés aujourd'hui.
Enfin, dernier personnage évoqué dans Les lieutenants de Pasteur, Elie Metchnikoff (1845-1916). Fuyant l'Ukraine, province russe de l'époque, Pasteur lui ouvrit les portes de l'Institut où il travailla sur le choléra et la syphilis. Il obtint le prix Nobel de médecine en 1908 pour ses travaux sur l'immunité et plus précisément la phagocytose, processus par lequel les microbes sont détruits par l'organisme.
- Maxime Schwartz directeur honoraire de l’Institut Pasteur, biologiste moléculaire, correspondant à l’Académie des sciences.
- Annick Perrot est conservateur honoraire du Musée Pasteur à Paris.
Maxime Schwartz et Annick Perrot sont les co-auteurs de Pasteur et ses lieutenants paru aux éditions Odile Jacob en 2013.