L’insolence selon Riveneuve Continents et René de Obaldia
Le numéro 5 de la revue littéraire Riveneuve Continents va réjouir ses lecteurs en offrant un premier thème "Ecrire l’insolence". On y lit avec plaisir notamment un texte de René de Obaldia, de l’Académie française, texte relu ici à la fin de l’entretien. Le second thème est un cahier intitulé "Riche Belgique". Le Directeur de la publication Alain Sancerni explique dans cette émission les motifs de ces choix.
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Le n° 5 de Riveneuve Continents inaugure une nouvelle naissance pour cette revue, qui a déjà fait l’objet d’une émission « Au Fil des Pages » et dont la parution s’était interrompue pendant un peu plus d’un an. Ce n° 5 a en outre ceci de particulier que son thème central est de ceux qui provoque une certaine jubilation chez les auteurs et sans doute une certaine curiosité chez les lecteurs : l’insolence, une belle façon de renaître. Et que dire si, en plus, ce thème de l’insolence permet de cristalliser l’attention sur un pays voisin de la France, la Belgique, si proche par bien des aspects, dont la langue française (l’une des trois langues nationales de ce pays), mais aussi si différent par d’autres aspects dont le moindre n’est pas une mentalité qui, de Breughel à Magritte, a fait de ce pays la vraie patrie du surréalisme.
Après avoir évoqué les circonstances de cette renaissance et, par la même occasion, celle de la maison d’édition Riveneuve, Alain Sancerni, Directeur de la publication de Riveneuve Continents, s’explique sur le choix du thème du n° 5, l’insolence, et à partir de quelle définition de l’insolence s’est fait ce choix : provocation ou geste naturel ? Dans son éditorial, il répond ainsi : « Le soleil qui se lève ignore son insolence : elle ne relève que de l’être-vu. Ce n’est qu’un nuage de lumière qui passe et qui ne sèche pas, l’atome d’un instant. Nul n’est propriétaire de son insolence ». C’est donc que, si l’insolence est voulue, elle devient « arrogance, irrespect, délire farceux ». Tel n’est évidemment pas le choix de Riveneuve Continents.
L’entretien se poursuit sur le pays où l’insolence est naturelle, la Belgique, dont la situation actuelle inquiète ses habitants, comme si c’était un peu de leur chair qui se délitait, comme si même l’esprit surréaliste qui relie les Flamands et les Francophones avait perdu son pouvoir catalyseur, comme si on commençait à douter que la fameuse émission de la RTBF du 13 décembre 2006 (un modèle d’insolence) ne soit qu’une fiction.
Le n° 5 de Riveneuve Continents propose à ses lecteurs belges une sorte de contrepoison, un cahier spécial « Riche Belgique », qui semble venir à point nommé pour leur offrir un morceau d’eux-mêmes, un morceau seulement car il est probable que certains d’entre eux ne s’y reconnaissent pas. Les Flamands n’y reconnaîtront pas leur langue, et pourtant, dans l’esprit, c’est la leur. Certains Belges ne partageront peut-être pas le choix subjectif et déjanté (selon la Libre Belgique) de Luc Rémy, celui qui a rassemblé les auteurs réunis dans ce cahier belge, et pourtant ce choix est un peu le leur aussi, peut-être à leur insu, tant il est profondément belge. Il respire les mânes de Cobra, le mouvement lancé par Dotremont, celles de Phantomas, la revue qui s’en est inspiré, lancée notamment par Joseph Noiret, l’un des poètes qui figurent dans ce cahier belge. Alain Sancerni défend l’idée d’un tel choix subjectif qui produit un effet catalyseur bien mieux qu’une anthologie embrassant l’ensemble des courants de pensée qui animent aujourd’hui la Belgique.
L’entretien se conclut par la lecture d’un poème de Joseph Noiret, et celle d’un extrait de Traces de Christian Dotremont, publié chez l’éditeur belge Jacques Antoine en 1980 .
A la suite de cet entretien, Canal Académie vous propose d'écouter la lecture du texte sur l'insolence rédigé pour la revue par René de Obaldia, de l'Académie française. Lecture assurée par le comédien Fernand Guiot.
En savoir plus :
- Riveneuve Continents
- Joseph Noiret
- http://www.academie-francaise.fr/immortels/index.html