Marco Polo, un Vénitien en Chine
Marco Polo a dix-sept ans lorsqu’il part pour la Chine avec son père et son oncle. En novembre 1271, ils quittent Saint-Jean d’Acre et arriveront auprès de l’empereur Khubilan Khan, petit-fils de Gengis Khan, en août 1274. Philippe Ménard, professeur émérite à la Sorbonne, qui a établi l’édition critique des textes de Marco Polo, raconte l’histoire de cet aventurier hors du commun.
Savez-vous qu’il existe six versions anciennes du texte de Marco Polo, appelé, selon les versions, le Devisement du monde, la Description du monde, ou encore livre des merveilles mais aussi Milione dans les manuscrits toscans ?
Philippe Ménard est professeur émérite à l’Université de Paris Sorbonne, membre de la prestigieuse académie des Lincei à Rome, spécialiste de littérature médiévale. On lui doit plusieurs ouvrages sur le roman courtois, et des études sur les fabliaux, les lais, ceux de Marie de France, par exemple, sur les contes également.
Il s’est intéressé à la syntaxe de l’ancien français, à l’étymologie bien sûr de la langue française, et à son histoire.
Depuis un quart de siècle, il conduit des recherches sur Marco Polo et sur d’autres grands voyageurs, notamment des évangélisateurs, qui sont allés jusqu’en Chine au XVIe siècle.
On lui doit surtout la récente version française en 6 volumes du Devisement du monde (éditions Droz à Genève).
Dans cette émission, il explique comment se présente les manuscrits de Marco Polo, ses diffférentes versions, ses enluminures et la langue dans laquelle ces versions sont rédigées. Il raconte aussi comment le père Niccolo, l'oncle Mattéo et le jeune Marco ont effectué leur voyage et les routes qu'ils ont suivies, en traversant la Perse et l’Afghanistan, évoquant également le voyage du retour.
Le bel album Marco Polo à la découverte du monde de Philippe Ménard offre non seulement la reproduction de superbes enluminures, des photos magnifiques mais aussi des cartes, très précieuses pour suivre le périple de Marco Polo.
Après avoir donné des détails sur l'étonnante organisation de la poste en Chine au XIIIe siècle, Philippe Ménard s'attarde à relater l'entrevue de Marco Polo avec l’empereur mongol Khoubilai Khan (XIIIe siècle) : Polo y consacre de nombreux chapitres, et décrit la vie à la cour, la vie dans l’empire.
Aux critiques opposées au récit de Marco Polo, Philippe Ménard oppose les confirmations apportées par les fouilles archéologiques. Oui, la grande majorité des notations de Polo s'avèrent exactes, même s'il n'hésite pas à mêler de temps à autre quelques éléments imaginaires ou légendaires.
COURRIER
- Monsieur Philippe Ménard a eu la gentillesse de nous adresser une précision concernant la date de la mort de Marco Polo :
" Polo n'est pas mort le 8 janvier. Nous n'avons comme texte que son Testament. Il dit en son début Anno ab incarnatione Domini Nostri
Jesu Christi millesimo trecentesimo vigesimo tercio, mensis Januarii,
die nono. La date donnée est 1323. Il s'agit toutefois de 1324 car nous
sommes en janvier : le changement de millésime se fait toujours le 1er
mars à Venise, mais janvier appartient à 1324. En revanche, le jour est
marqué par nono "neuvième". La date du Testament est donc le 9 janvier. Il se peut que Polo ne soit pas mort le jour de la fabrication du Testament. L'acte juridique n'entraîne pas fatalement la mort. Il a pu vivre encore quelques jours. Il devait être proche de sa fin. Nous ne pouvons en dire plus. Mais je vous complimente d'avoir rappelé le souvenir de ce grand homme. J'ai écouté avec amusement mon exposé sur Pelliot. Merci pour tout cela". Philippe Ménard. Le sinologue Paul Pelliot et les études sur Marco Polo
- Un autre auditeur, Henri Cabannes, de l'Ecole Normale supérieure, nous a quant à lui apporté la précision suivante :
" Plusieurs siècles avant Marco-Polo Thomas était allé en Chine.
Voir le livre de Pierre Perrier et Xavier Walter: Thomas fonde l'Eglise en Chine (65-68 ap. J.-C.)"
A lire également :
l'ouvrage d'Olivier Germain-Thomas "Marco Polo", paru dans la collection Folio Biographies chez Gallimard 2010.