Maurice Blondel : le philosophe ouvert au transcendant
Maurice Blondel (1861-1949) est un philosophe français un peu oublié. Il ne fut jamais vraiment reconnu. Pour les universitaires il est trop catholique. Pour les catholiques, il souffre d’être trop rationnel. Bertrand Saint-Sernin, philosophe lui-même, auteur d’une biographie sur Blondel, nous aide à mieux cerner la pensée du "philosophe d’Aix" en la resituant dans son époque.
Trop rationnel ? Trop catholique ? En vérité, Blondel est pour une « compréhension organique du monde de la vie » et souhaite appréhender le réel d’une « manière symphonique » quand les rationalistes et la pensée catholique souhaitent une séparation des ordres.
Or, dans les coulisses, dans la généalogie des idées, son rôle est important. Quand la pensée catholique, au début du XXe siècle, est bloqué dans une posture trop scolastique et un peu sclérosée, ceux qui préparent le renouveau intellectuel (autour du père Henri de Lubac entre autres) s’inspirent de Blondel. Dés lors les théologiens néo-thomistes et maurrassiens, qui tiennent, à cette époque, les études théologiques en France, le rejettent et lui font un procès intellectuel.
Pour bien comprendre Blondel, il faut le remettre dans son époque, voir en quoi il est avant tout un philosophe. Telle est l’entreprise de Bertrand Saint Sernin – dans son livre « Blondel » paru chez Vrin (2010).
Maurice Blondel, né à Dijon, normalien, agrégé de philosophie, enseigna à Aix en Provence là même où il restera toute sa vie. Son œuvre majeure est sa trilogie : la Pensée, l’Etre et les êtres, l'Action. Toute sa vie il condamnera le « déni de transcendance » à savoir : l’autosuffisance philosophique, l’autonomie de la raison poussée jusqu’à la suffisance.
Pourquoi Bertrand Saint- Sernin s’intéresse-t-il à Blondel ? D’ou lui vient cet intérêt ? Ecoutez-le dans cette émission qui propose également de se demander quelle est la nature de l’engagement de Blondel qui, en 1940, fait paraître «Lutte pour la civilisation et philosophie de la paix » où il analyse le racisme et le totalitarisme en dénonçant le « contre-évangile » du national-socialisme ?
Bertrand Saint Sernin est philosophe, professeur émérite de Paris-Sorbonne, membre de l’Institut, à l'Académie des sciences morales et politiques, et spécialiste, avant tout, de la philosophie des sciences – avec un intérêt particulier pour Withehead (sur lequel il a publié un livre chez Vrin en 2000). Il a été recteur de plusieurs académies, de Dijon, de Nancy puis de Créteil.
Pour en savoir plus sur sa carrière et son œuvre, consulter le site de l'Académie : http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/SAINT-SERNIN.HTM
On peut aussi pour s'informer consulter :
http://studium.ndv.pagesperso-orange.fr/articles/art-pdc06.htm