Voyage extraordinaire au centre du cerveau
Prêt à embarquer vers la plus exotique des destinations ? Jean-Didier Vincent, membre de l’Académie des sciences, vous invite à un périple unique à travers le cerveau. Un continent de cellules, neurones et synapses en tous genres où naissent nos actions et réactions d’être humain : manger, boire, dormir mais également sourire et aimer... Un dernier conseil ? N’oubliez pas le guide, car pour avancer dans les dédales du cortex, mieux vaut avoir un plan de route !
Jean-Didier Vincent dédie son premier chapitre à l'anatomie du cerveau, et nous dépeint les lieux avec force précision. Les habitants de ce royaume, neurones et cellules gliales, semblent obéir à une organisation bien précise : "les neurones se parlent grâce à la multitude de leurs contacts synaptiques qui (...) se font et se défont, s'ouvrent et se ferment en fonction des signaux électriques et chimiques qui les animent: une population innombrable et changeante, grouillante d'un va-et-vient et d'un remodelage incessants"; "les cellules gliales occupent les espaces entre les neurones et forment un ensemble compact avec des espaces intercellulaires de quelques dizaines de nanomètres".
Une mécanique complexe que l'auteur nous aide à décrypter.
Mais comme tous les pays, le cerveau connaît des saisons variées. C'est, d'ailleurs, le cerveau qui régule la température corporelle et l'impose à l'organisme, une température stabilisée chez l'homme entre 36 et 38° C. Le saviez-vous : "la progestérone modifie également le point de consigne du thermostat avec une élévation de l'ordre de 0,5° C. Pour cette raison, la température centrale augmente légèrement pendant la seconde moitié du cycle ovarien". En outre, lorsque la fièvre monte chez l'homme, cela provient d'un dérèglement hormonal. On parle de dérèglement du thermostat hypothalamique. Ce sont les globules blancs qui libèrent des substances pyrogènes, celle-ci générant ensuite la secrétion de prostaglandine. La solution : ingérer de l'aspirine, car elle bloque la secrétion de cette hormone, et par suite, empêche la température de monter!
Le voyage à travers le cerveau n'est ainsi qu'une vaste suite de découvertes plus fabuleuses les unes que les autres. Ce n'est effectivement pas un voyage ordinaire auquel vous êtes invités, mais plutôt une épopée dans un univers souvent surprenant et aux allures de conte de Grimm.
Jean-Didier Vincent explore les troubles de l'humeur et détaille les processus hormonaux qui les régissent. Il pose également son curseur sur les troubles dépressifs.
Tour à tour, il explore des fonctions aussi vitales que manger ou boire, s'arrête dans l'hypothalamus, le 'bon coin de l'encéphale', comme il appelle avec humour cette zone clé du cerveau humain, royaume du plaisir et de l'envie.
Enfin, nous voilà invités au plus doux des voyages à travers les Chemins- sinueux?- de l'Amour : au royaume de l'affect et du désir, le cortex bat le coeur en brèche et lui vole impunément la vedette : "Le cerveau est l'organe de l'amour; j'entends l'amour sous ses formes charnelles, mais aussi bien sous ses apparences célestes - le septième ciel lui étant généralement réservé".
Le système hormonal, notamment, est constamment sollicité dans le cadre de la sexualité. L'ocytocine est notamment impliquée : "secrétée dans le cerveau, elle accompagne la montée en puissance du plaisir/désir; déversée dans la circulation sanguine par l'hypophyse, elle accentue les contractions rythmiques des muscles génitaux qui amplifient en retour sa libération réflexe contribuant ainsi à emballer le système".
Souhaitons au lecteur, en cette terre si méconnue de l'homme mais qui lui est en même temps si intrinsèque, un excellent voyage...
Jean-Didier Vincent est membre de l'Académie des sciences depuis novembre 2003, dans la section Biologie humaine et sciences médicales. Il est également membre de l'Académie nationale de Médecine, de l'American Academy of Arts and Sciences et de l'Académie royale de Belgique.
Professeur à l'Université Paris-Sud Orsay, professeur à la faculté de médecine Paris-Sud Kremlin-Bicêtre, il a, de 1991 à 2004, dirigé l'Institut de neurobiologie Alfred Fessard du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Gif-sur-Yvette.
Considéré comme un pionnier en neuroendocrinologie - cette dernière vise à établir des interactions entre hormones et système nerveux-, il s'est, depuis une vingtaine d'années, engagé dans un travail de vulgarisation de ses recherches en publiant des ouvrages à succès:
- La Biologie des passions (1986)
- Casanova, la contagion du plaisir (1990)
- La chair et le diable (1996)
- Pour une nouvelle physiologie du goût (2000)