Rencontre avec Vassili Golovanov
L’écrivain russe Vassili Golovanov ainsi que sa traductrice Hélène Châtelain sont reçus par Elizabeth Antébi dans l’émission Au plaisir d’insolence. Le grand écrivain nous parle de son dernier livre : Eloge des voyages insensés.
Hélène Châtelain, traductrice «culte», qui n’a jamais cédé sur l’exigence d’authenticité et de qualité, a obtenu récemment un prix pour la traduction du livre de Vassili Golovanov : Eloge des voyages insensés, paru dans la collection qu’elle dirige chez Verdier et où elle publie tous les livres de Varlam Chalamov, l’auteur de génie des récits de la Kolyma.
Actrice de Chris Marker dans La jetée (1962), scénariste, elle est aussi monteuse et co-réalisatrice avec Armand Gatti. Elle a auparavant collaboré à de nombreux films (dont Le bannissement, sur le poète Alexandre Galitch, 1988, Le goulag, film en deux parties sur Arte, 2000, Efremov, lettre d’une Russie oubliée, 2004). C’est dire qu’il s’agit d’un personnage rare et sans concession.
Vassili Golovanov, « géographe métaphysique », de passage en France, parle de ce livre inclassable, qui a pour décor une île polaire, Kolgouev (sud-est de la mer de Barentz), qui est une sorte d’utopie, un lieu qui n’existe pas – mais d’un genre très spécial. Le journaliste qu’il est y mène une expédition-exploration épique sur les traces de « l’antique horde nomade du grand Nord ». Il parle aussi bien des éléments, du paysage, des êtres humains, mais aussi des animaux, des végétaux, des courants et des pierres. C’est construit un peu comme un jeu de miroirs et de chambre d’échos, non pas un roman-fleuve, mais un roman-île, compact, à plusieurs strates, dont le découpage donne déjà une idée : livre du rêve / livre de la fuite / livre de l’expédition / livre des destins, puis des annexes, dont la merveilleuse histoire des Sides, écrite par Guèla Griniova, sans doute l’Aimée de cet auteur, découvert par un libraire de Tulle et dont le succès, de bouche à oreille, fut presque immédiat.
Vassili Golovanov est né en 1960, il avait donc 29 ans à la chute du Mur : «Depuis l’effondrement du communisme et la chute du Mur de Berlin, dit-il, nous n’avons plus d’ailleurs. C’est cet ailleurs, sans lequel aucune création n’est possible, que nous cherchons. »
En savoir plus :
Vassili Golovanov, Eloge des voyages insensés, éditions Verdier, 2008