Adolphe Adam
Petit parcours historique et musical dans la vie et la carrière de l’un des plus fameux compositeurs d’opéra-comique du XIXe siècle, Adolphe Adam, membre de l’Institut, à qui l’on doit quelques oeuvres phares du théâtre lyrique français, telles Le Postillon de Longjumeau, Giselle, Le Toréador ou encore Si j’étais roi.
Adolphe Adam, membre de l'Institut à partir de 1844, est un compositeur populaire fort prolixe dont les oeuvres se fredonnent dans tous les milieux jusque tard dans le XXe siècle. Il est passé à la postérité à travers une mélodie rapidement composée à la demande de l'une de ses anciennes interprètes, une mélodie intitulée Minuit Chrétiens. Mais Giselle, parangon du ballet romantique français, demeure l'ouvrage qui lui aura permis de rester, bon an mal an, à l'affiche de tous les théâtres d'Europe et d'Amérique.
Adolphe Adam est né le 24 juillet 1803 à Paris. 1803, année faste pour la musique française, puisque moins de six mois plus tard, Hector Berlioz -qui sera élu au fauteuil d'Adolphe Adam à la mort de ce dernier - voyait le jour à la côte saint André.
Né d'une famille musicienne - le père d'Adolphe Adam est un éminent professeur de piano du Conservatoire, qui a formé nombre de virtuoses et de compositeurs - Adolphe n'est pas ce qu'on appelle un enfant prodige. Initié très jeune à la musique, c'est au Conservatoire, sous la houlette de François-Adrien Boieildieu, l'inoubliable auteur de la Dame Blanche (1825) également "de l'Institut", qu'il apprend son métier de compositeur. Dans la notice que Fétis consacre au musicien dans son histoire de la musique, l'historiographie de tous les musiciens français et européens du XIXe siècle souligne qu'Adam était élève qui convenait le mieux aux leçons de Boieldieu et celui-ci était le maître qui pouvait le mieux développer disposition d'Adam en effet et, « tous deux étaient en effet d'habiles mélodistes et avait pour qualité dominante installe l'expression de la parole chantée et l'intelligence de la scène ». Certes, Boieldieu a également police et son élève : doté d'une invention mélodique certaine, Adam travailleur bien plus sur l'instinct que sur la technique, et une certaine paresse lui avait dicté jusqu'à lors de : trop s'embarrasser de considérations théoriques...
Le premier contact professionnel d'Adam avec le monde du théâtre eu lieu au théâtre du gymnase dramatique. Adolphe fut engagé dans l' orchestre du gymnase pour y jouer... Du triangle - eh oui ! - avant d'en devenir - promotion notable ! - le timbalier chef puis le chef des chœurs.
En 1824, Adam se décide à concourir pour le prix de Rome. C'est un échec. Ainsi que l'année suivante où il n'obtient que le second grand prix. Adore ne s'obstine pas. Notre compositeur se lance dans la musique de théâtre et compose des airs nouveaux pour les pièces du vaudeville, du gymnase, et des nouveautés. Le succès est au rendez-vous. Ces airs courent sur toutes les lèvres, on peut les entendre chanter bien au-delà du théâtre et dans les cafés chantants du boulevard. Le premier opéra-comique d'Adam, Pierre et Catherine, présenté le 9 février 1829 sur la scène de la salle Favart ; deux actes, dans le librettiste et saint Georges, qui recueillent un très honorable succès. Une vingtaine d'autres opéra-comiques suivront jusqu'à la mort du compositeur, une suite de grands triomphes... Alternés de quelques petits fours !
En 1834, un petit acte d'opéra-comique, Le Châlet, enthousiasme le public de l'opéra-comique. Les contemporains d'Adam ont souvent considéré cet ouvrage comme le chef-d'œuvre du compositeur, au point d'en indisposer le musicien. Mais ce « Châlet » lança définitivement le compositeur.
Le 13 octobre 1836, Adam fait représenter Le Postillon de Longjumeau sur la scène de l'Opéra-Comique.. La période est particulièrement féconde pour Adam. Tandis que l'on prépare le Postillon rue Favart, on s'apprête à représenter son premier ballet, La fille du Danube, à l'opéra.
Le soir de la première, tout Paris s'enthousiasme. « J'avais choisi ce jour et cette date, persuadé que cela me porterait bonheur. Le succès dépassa mon attente. Ce fut un véritable triomphe » notera plus tard Adam dans ses mémoires.
À la suite de ce Postillon de Longjumeau, Adam reçut la Légion d'honneur. La réussite lui est alors comme un engrenage, et il produit abondamment. Son style facile, agréable et délié se trouve en parfaite adéquation avec la sensibilité bourgeoise contemporaine. Il écrit tant pour l'opéra-comique que pour l'opéra, le ballet, l'église ou les salons, avec un succès toujours égal. Sa musique, si elle paraît parfois sans surprise, est cependant toujours empreinte d'élégance et de raffinement. Adolphe Adam, dont la vie est jalonnée de succès et de dîners en ville, voit pourtant son horizon s'assombrir à la fin des années 1840. Il crée fin 1847 l'Opéra National, dotant ainsi la capitale d'un troisième théâtre lyrique, mais que la révolution de 1848 conduira à la faillite - la salle à peine ouverte.
Ruiné, il doit continuer à composer : tous ses droits d'auteurs sont versés à ses créanciers. Pour survivre, Véron l'engage comme critique au "Constitutionnel" - Adam deviendra l'un des critiques les plus écoutés de son temps - et le général Cavaignac fait ouvrir pour lui une 4eme classe de Composition au Conservatoire. Le compositeur malheureux note dans ses mémoires : « La perte de ma fortune n'a pas été très sensible. Je n'ai connu qu'une privation : celle de ne pouvoir plus recevoir mes amis : c'était mon seul et plus grand plaisir. je rends grâce à Dieu, en qui je crois fermement, des faveurs, peut-être bien peu méritées dont il m'a doté ; puisque, malgré ma mauvaise chance en fait d'affaires, il m'a laissé encore assez d'idées pour écrire quelques ouvrages que je tacherai de faire et moi un mot est possible »
Adam se remet donc d'arrache-pied à la composition, et accouche de quelques un des ouvrages majeurs de son oeuvre tels l'opéra-comique Le Toréador en 1849, Giralda (livret de Scribe) pour l'Opéra en 1850, une Messe de Sainte-Cécile la même année, ou La Poupée de Nuremberg au Théâtre Lyrique. Il donne dans la même maison, en 1852, l'opéra-comique Si j'étais roi, qui longtemps resta au répertoire des théâtres français. Son oeuvre ultime, intitulée Les pantins de Violette, est une jolie fantaisie en un acte qui fut créée le 29 avril 1856 aux Bouffes-Parisiens, exactement quatre jours avant sa mort. Le travail l'avait conduit au tombeau tant il avait mis un point d'honneur à satisfaire aux obligations financières dans lesquelles la faillite de son théâtre l'avaient plongé.
En écoute dans l'émission :
- Le Toréador, ouverture, par le Welh National Opera Orchestra dirigé par Sir Richard Bonynge. (extrait)
- Minuit Chrétiens, par Luis Mariano
- Vallons de l'Helvétie, objet de mon amour... extrait du Châlet, par Pol Plançon (1904)
- Mes amis écoutez l'histoire... , ronde du Postillon, extraite du Postillon de Longjumeau, par Rockwell Blacke et l'Orchestre de Monte-Carlo, dirigé par Patrick Fournillier
- Trio Ah vous dirais-je maman extrait du Toréador, par Sumi Jo, John Aler et Michel Trempont, orchestre du W.N.O. dirigé par Sir Richard Bonynge.
En savoir plus :
- Adam Adolphe, Derniers souvenirs d'un musicien. Paris1859
- Adam Adolphe, Lettres sur la musique française, 1836-1850. Dans la «Revue de Paris» (10) août-septembre 1903
- Adam Adolphe, Souvenirs d'un musicien ... précédés de notes biographiques. Paris, 1857
- Biographie d'Adolphe Adam
- Musica et Memoria. Biographies de musiciens