Anges et démons, un film de Ron Howard
A la suite du Da Vinci Code, le réalisateur Ron Howard met en scène un nouveau roman de Dan Brown intitulé Anges et démons que présente ici Sylvie Barnay. La trame du film sorti en salle le 13 mai 2009 reprend celle du polar mais quelques digressions par rapport à la réalité historico-religieuse méritent d’être relevées.
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L'intrigue : Voilà de nouveau sur les écrans, le personnage de Robert Langdon, qui se veut célèbre expert en religions de la prestigieuse université d’Harvard, spécialiste des Illuminati – terme désignant différents mouvements religieux, en particulier celui des Alumbrados de Castille au XVIe siècle et des Illuminati de Bavière, société secrète du XVIIIe siècle se réclamant de la philosophie des Lumières. Notre homme effectue tranquillement des brasses dans une piscine quand un homme du Vatican se présente pour lui demander son aide en tant qu’expert reconnu des Illuminati. En effet, à quelques milliers de kilomètres de là, un scientifique de renommée internationale, Leonardo Vetra, vient d’être assassiné au CERN (Conseil européen pour la recherche scientifique). On a retrouvé sur son torse une marque au fer rouge que Robert Langton identifie très rapidement comme la marque de la société secrète. Le chercheur apprend alors que les Illuminati ont dissimulé une bombe d’antimatière qui menace de détruire toute la Cité du Vatican. Or le conclave vient de se réunir pour élire un nouveau pape. Les Illuminati semblent ainsi sur le point de tenir leur revanche de toujours contre leur ennemi juré, l’Eglise catholique. Aidée de la belle scientifique italienne, Vittoria Vetra à qui l’antimatière de la bombe a été volée, Robert Langton n’a pas d’autre choix que de se lancer dans une course contre la montre pour retrouver la bombe et les quatre cardinaux enlevés par les Illuminati. La clé de l’énigme se trouve dans les archives du Vatican…
Le film - qui prend très rapidement ses distances avec le livre – repose sur une intrigue qui ne manquera pas de tenir en haleine les petits et les grands. Il reste aussi que ce scénario à grand spectacle repose également sur une histoire qui prend quelques distances avec la réalité.
Prenons un exemple, l’élection du pape : l’intrigue repose en partie sur l’enlèvement des quatre cardinaux «preferiti » (« préférés »), c’est-à-dire ayant les meilleures chances d’être élus pape. Or une telle liste tient de la pure invention. En effet, tout cardinal est « papabile », autrement dit susceptible d’être élu pape sur la chaire de Saint-Pierre. Le camerlingue, en charge des biens temporels du Saint-Siège pendant la vacance papale, est toujours un cardinal : or le film n’est pas loin du népotisme quand il fait du carmerlingue le propre secrétaire privé du pontife défunt !
Finissons-en également avec les idées reçues sur les archives du Vatican. Tout chercheur peut accéder aux archives, qui ne sont en rien secrètes… Son catalogue est public, comme dans toutes les bibliothèques européennes.
Le film, au contraire, dévoile un espace futuriste dont pourrait rêver tout chercheur : haute technologie, salles de verre enfermant les plus vieux manuscrits du monde. Un hourra pour les décorateurs qui ont entièrement reconstitué les décors du Vatican, place Saint-Pierre, chapelle Sixtine et archives du Vatican compris – le réalisateur n’ayant pas obtenu l’autorisation de tourner sur place. Les décors sont criants de vérité…
Le ressort profond du film est davantage de s’appuyer sur la supposée opposition entre l’Eglise et la science que de mener une croisade anticatholique. Voilà donc les Illuminati présentés comme des hommes de renom, des intellectuels scientifiques persécutés par l’Eglise du XVIe siècle à l’exemple de Galilée ! Une telle vision de l’histoire dicte une forme d’évolutionnisme qui conduirait de l’Eglise à la science, présentée comme forme évoluée de l’homo religiosus du XXIe siècle. On est naturellement en droit de ne pas partager cette vision...
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