Art abstrait : L’envolée lyrique Paris 1945 - 1956
Patrick-Gilles Persin relate l’aventure de cet important mouvement de la peinture du XXè siècle dans le Paris après la Libération, connue sous le nom de "l’abstraction lyrique". Pour découvrir les artistes devenus histoire comme Atlan, Wols, Michaux, Mathieu, Schneider, Soulages, Hartung, et Zao Wou Ki, de l’Académie des beaux-arts.
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Le Musée du Luxembourg à Paris salue ainsi une des périodes les plus marquantes de la création artistique dont Paris fut le cadre.
Onze ans de peinture "évolutive, festive, intellectuelle, spontanée", une peinture de la liberté et de l'indépendance dans l'immédiat après-guerre.
Comme le formule CHRISTIAN PONCELET, président du Sénat : « le Sénat a voulu célébrer une extraordinaire aventure, une féconde période de puissante invention picturale de l'immédiat après-guerre. Et rendre hommage à des peintres immenses comme Atlan, Bazaine, Bissière, Fautrier, Hartung, Soulages, Manessier, Mathieu, Poliakoff, Wols, et beaucoup d'autres... »
C'est la première fois que le grand public aura pu découvrir tous ces peintres dans une présentation d'ensemble réunissant ce que l'on nomme parfois la Seconde Ecole de Paris et qui bénéficie déjà d'un immense prestige.
CARREFOUR des ARTS reçoit le commissaire de cette importante exposition, Patrick-Gilles PERSIN,
critique d'art, écrivain (ayant signé une trentaine d'ouvrages). Expert pour les tableaux et les sculptures d'art moderne et contemporain. Il a assuré le commissariat de plus de trois cents expositions dans le monde.
Un mouvement d'avant-garde
La première moitié du XX ème siècle a vu surgir une succession impressionnante de mouvements avant-gardistes : les Fauves, les Futuristes, les Cubistes, les Surréalistes...
En quoi ce mouvement de l'Abstraction lyrique est-il si particulier ?
Patrick-Gilles Persin nous explique tout l'historique depuis la première oeuvre abstraite de Kandinsky en 1910.
L'Envolée lyrique, fabuleux carrefour international, s'articule autour d'une esthétique totalement nouvelle. Elle prend vite la direction de ce que ses participants eux-mêmes et les milieux initiés d'alors appellent bientôt l'abstraction chaude (lyrique) - par opposition à l'abstraction froide (géométrique). Dès l'immédiate fin de la guerre, une nouvelle fois, cet élan relance Paris qui demeure ainsi la capitale incontestée de l'avant-garde.
Le choix des dates des œuvres exposées est déterminé par la Libération en 1945 comme légitime date de départ, et de date butoir 1956 comme année où de publications fondamentales sanctionnaient très positivement ce mouvement, l'officialisaient en quelque sorte : Marcel BRION, de l'Académie française, Art abstrait, Albin Michel ; Michel RAGON, l'Aventure de l'art abstrait, Robert Laffont ; et en tout début de 1957, Michel SEUPHOR, Dictionnaire de la peinture abstraite, Hazan.
Un chef de file : Georges Mathieu
Pour valider une tendance, il faut une exposition de groupe et un manifeste. Michel Ragon, dans le catalogue, rappelle que le tout jeune et alors inconnu Georges MATHIEU (à vingt-six ans) assuma ce rôle. En décembre 1947, il organisait à la galerie du Luxembourg une exposition pour laquelle il avait voulu donner le titre Vers l'abstraction lyrique. La galerie préféra L'Imaginaire. Mais le mouvement était lancé. Un mouvement prônant l'abandon de la figuration traditionnelle, refus des règles, et notamment celles de la géométrie, voilà les critères de la nouvelle peinture. Mathieu y ajoutait vitesse et improvisation.
Patrick-Gilles Persin conclut que « nous devons convenir que, outre l'absolue liberté, l'indépendance d'esprit et de création de chacun, ces artistes ont tous eu en commun une même nécessité, une même foi dans ce que leur mutation, leur passage de la figuration à l'abstraction, étaient forcés par une impérieuse volonté à faire primer l'instinct et la spontanéité sur la théorie, ainsi que le
fait poétique pulvérisant les acquis académiques.
Tous ensemble, ils sont des pionniers courageux et enthousiastes, dévoreurs inouïs de la vie à pleines dents. Ils restent pour nous d'incroyables inventeurs dont les bienfaits commencent à se répandre dans toute l'Europe, puis dans le monde, dix ans avant que New York n'impose ses propres artistes, dont l'existence même doit tant à nombre de ceux de l'Envolée lyrique.
Cinquante ans plus tard, on ne peut que constater que son pouvoir et sa longévité portent toujours le même message d'extrême originalité, sous-tendu par une rigueur dont on n'est peut-être pas encore assez conscient, sans jamais les avoir empêchés de conserver un peu d'onirisme et une salutaire part d'irrationnel. »
On se répétait la pensée de Kandinsky : L'œil de l'artiste doit être ouvert sur sa propre vie intérieure, son œil toujours tendu vers la voie de la nécessité intérieure.
Précisions pratiques
L'exposition L'ENVOLEE LYRIQUE PARIS 1945- 1956, présentée par le Sénat de la République française au Musée du Luxembourg situé au Palais du Luxembourg, 75006 Paris.
Catalogue de l'exposition : sous la direction de Patrick-Gilles Persin avec les contributions de Michel Ragon et de Pierre Descargues. SKIRA Editore, Milan.
250 pages avec reproduction pleine page de chaque œuvre exposée accompagnée d'un élément textuel - pensée ou aphorisme - des artistes ou de leurs amis.
A la fin de l'ouvrage, biographie succinte de chaque artiste, chronologie, et bibliographie importante et sélective.
Pour en savoir plus:
. W. Kandinsky, Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier, Munich, 1911, réed. Folio essai.
- Georges Mathieu
- Site de l'exposition
A noter : une autre émission de Canal Académie offrira prochainement une lecture d'extraits de l'ouvrage de Marcel Brion, de l'Académie française, consacrée à l'art abstrait.