Art et Armures, la passion de Gabriel Barbier-Mueller pour les Samouraïs
Gabriel Barbier Mueller est un collectionneur d’art exceptionnel d’armes et d’armures japonaises. L’exposition du musée du quai Branly présente 140 pièces de sa collection, toutes aussi saisissantes, mystérieuses et d’une exceptionnelle richesse dans les détails, les formes et les matériaux utilisés. Les armures des guerriers du Japon du temps des samouraïs dépassent leur seule fonction utilitaire. Samouraï, armures du guerrier du 8 novembre au 29 janvier 2012 : une exposition pour aller de surprise en surprise.
Gabriel Barbier-Mueller est issu d’une famille de célèbres collectionneurs qui a su éduquer son œil aux objets d’art durant son enfance et sa jeunesse, à travers sa collection particulière et celles des musées du monde entier. Habitué à grandir entouré de près de 7000 œuvres d’art, il est de sa seule volonté devenu un passionné du Japon, de son histoire et de ses arts. Au sein de cette dynastie de collectionneurs, son grand-père Joseph Mueller fut reconnu comme l'un des plus grands marchands d'art de tous les temps avec une collection de Matisse, Cézanne, Picasso et surtout d'arts premiers qui a conduit à la naissance du musée Barbier-Mueller à Genève en 1977. Une passion qu'il sut insuffler à son beau-fils et sa fille qui la transmirent à Gabriel Barbier- Mueller qui la transmet à son tour, avec sa femme Ann, à leurs enfants. A 14 ans, la découverte d’une armure de Samouraï à Paris dans une galerie de la rue de Seine, émerveille Gabriel Barbier- Mueller et scelle en lui l’idée de constituer plus tard, une collection d’armures samouraïs pour faire partager ce qui fut pour lui, un véritable choc esthétique.
C’est de manière passionnée et encyclopédique qu’il a tout appris sur le Japon et ses arts au point d’être aujourd’hui, à la tête probablement de la plus belle des collections d’armures japonaises au monde.
Avec sa femme Ann, et leur Fondation, installée à Dallas, ils ont accumulé pendant vingt ans près de 600 armures, casques, masques et autres habits ou armes portés par les guerriers japonais d’autrefois : un pan d’histoire inscrit dans la mémoire du Pays du Soleil Levant, un mythe dont le cinéma international s’est également emparé. Ils dévoilent au public parisien une magnifique exposition présentée au Musée du quai Branly : Samouraï, armures du guerrier du 8 novembre au 29 janvier 2012.
Deux chevaux caparaçonnés, montés par deux guerriers revêtus d'armures datant respectivement des périodes Momoyama (1573 – 1603) et Edo (1603 – 1868) accueillent le public dès le hall d’entrée du musée au rez-de-chaussée du musée du quai Branly. Les deux armures donnent un juste avant-goût de la qualité des pièces exposées dans les étages. Une « forêt » de casques, des armures complètes et des armes témoignent d'un raffinement peu commun par les matériaux utilisés et les formes créées. La fonction militaire des objets est respectée en tous points. Cette double qualité des pièces, à la fois parure et arme de guerre, nourrit probablement la curiosité sans faille de Gabriel Barbier- Mueller.
Dans cette émission enregistrée par téléphone entre le studio de Canal Académie à l'Institut de France et Dallas, au micro de Marianne Durand-Lacaze, Gabriel Barbier Mueller, collectionneur et commissaire de l'exposition pour la circonstance, vous fait découvrir cette collection d'armes et d'armures d'une exceptionnelle beauté. Ces armures et ces habits de guerre créés pour le combat et parfois, dans le pire des cas pour la mort, allient la fonction des armes à celle des arts.
Pourquoi tant de beauté au service du combat et de la guerre ? Si les armures sont soignées en Occident, celles des samouraïs constituent une intrigue pour le visiteur en raison de l'incroyable créativité dont elles font l'objet. A toutes les époques, les armes ont toujours été des objets soignés mais ici leur conception et leur fabrication relèvent presque d’une esthétique propre. Des lignées d'artisans, de forgerons par exemple réputées dans tout le pays, étaient au service des grands samouraïs.
Pour la première fois, Gabriel Barbier Mueller montre sa collection de chef-d’œuvre du XIIe siècle au XIXe siècle, dans le cadre d’une exposition ouverte au grand public. Sinon, on peut admirer ces pièces rarissimes à Dallas dans sa fondation. La démarche est peu commune de la part d’un collectionneur. Généralement, le public ne connaît le contenu d'une grande collection qu’après la mort du collectionneur.
Comment achètent les collectionneurs ? Quels sont leurs critères, quelles sont les filiations possibles entre artistes et collectionneurs ? Voici quelques points abordés dans l'émission, dominée cependant par la présentation de ces armures spectaculaires. L'exposition suit un parcours chronologique selon les époques, de l'apparition des samouraïs à l'époque Heian (794-1185) à la loi de 1868 qui interdit le port du sabre, signant ainsi la fin de l'époque des samouraïs.
L'’équipement d’un samouraï devait répondre aux exigences du code du Bushido, qui signifie la voie du guerrier du nom des guerriers bushis (Ier siècle apr. J.-C.). Le samouraï était en effet, à la fois un guerrier, un membre de l'élite et un homme d'honneur. Selon le code, le samouraï respectait 7 vertus : l'honnêteté, le courage, la bienveillance, la droiture, la sincérité, l'honneur et la loyauté. L'idée était de vaincre la peur de la mort, là réside la force du samouraï, placée au service de son seigneur daimyo, grand propriétaire terrien. Ces parures de guerre en tant de paix exprimaient aussi le statut social des samouraïs. Les chefs de clans les portaient lors de cérémonies afin que chacun puisse se rendre compte de leur puissance et de leur sophistication, alliant des symboles religieux ou légendaires. Dans la civilisation japonaise, les tengu sont des esprits, des êtres mi-homme mi-oiseau, qui se jouent des humains, une tradition liée au shintoïsme et au bouddhisme. On distingue ainsi des casques en forme de bec d'oiseau à la place du nez humain. Des divinités protectrices peuvent être placées sur la partie frontale des casques comme le montre le casque à lamelles Sujibashi Kabuto.
Pour en savoir plus
- Informations pratiques Musée du Quai Branly
- La Fondation Ann et Gabriel Barbier Mueller est à Dallas