Dans l’atelier de Gérard Lanvin, de l’Académie des beaux-arts
Le sculpteur Gérard Lanvin nous reçoit pour parler de son parcours et des pièces présentes dans son atelier. A l’âge de 87 ans, toujours inclassables, il évoque ses rencontres et amitiés nouées dans le monde de la sculpture, les médailles qu’il a créées et les restaurations d’œuvres sculptées de grands monuments nationaux qu’il a exécutées en artiste, celles de la Coupole de l’Institut notamment, près de 40 ans avant d’y être élu, sans savoir qu’un jour, il siègerait au sein de l’Académie des beaux-arts.
Gérard Lanvin a été élu en 1990, au fauteuil de Jean Carton à l'Académie des beaux-arts, dans la section sculpture. Né à Dijon, en 1923, il intègre, à l'âge de 18 ans, l'Ecole Nationale Supérieure des arts décoratifs de Paris durant la Seconde Guerre mondiale en 1941 sur les conseils d'Ovide Yencesse, médailleur de renom international, ami de sa famille qui avait remarqué ses talents de jeune dessinateur. Il s'y ennuie et devient "massier" à l'Académie Ranson en 1943 où il est l'élève d'Emmanuel Auriscote et de Paul Couturier.
L'expérience est abrégée par les événements de juin 1944. Il gagne la Bourgogne et rejoint un maquis dans le Morvan. Engagé auprès de l'armée française, il participe à la libération de l'Alsace, la prise de Strasbourg, traverse le Rhin et la Forêt Noire. Il est démobilisé sur la frontière autrichienne au moment de l'arrêt des hostilités et décide de revenir à Paris. Il participe en 1944 au Salon des Tuileries, mais il a failli abandonner la sculpture à cette époque, "écœuré par un ami qui l'hébergeait et faisait de la sculpture religieuse au kilomètre". Désorienté, il retrouve Ovide Yencesse à Dijon, renoue avec la sculpture, les médailles et une passion pour la lecture. Il comprend alors "qu'il n'est pas fait pour la pierre", achète à Paris un atelier et rencontre des sculpteurs "phares" Gimond, Brancusi, Giacometti. Parallèlement son travail en publicité, domaine qui ne le satisfait pas à cette époque, lui permet de vivre mais son travail est enfin reconnu. ll reçoit en 1953 le Prix Fénéon, sur présentation de deux sculptures. Il se lie d'amitié avec Jean Carton et Gilioli et Germaine Richier et rencontre Picasso à plusieurs reprises. En 1956, le musée Grimaldi d'Antibes lui consacre une première exposition personnelle.
Dans les années soixante, il effectue des travaux de restauration d'œuvres sculptées. On lui doit ainsi de grandes campagnes de restauration pour les monuments historiques de Paris : la Bourse, l'Opéra, l'Assemblée Nationale, l'Institut de France, le Sénat et la Cour carrée du Louvre.
Dans les années soixante-dix, il réalise de nombreuses médailles pour l'Hôtel de la Monnaie de Paris et enseigne en même temps à l'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Paris.
Gérard Lanvin, dont il n'existe pas de catalogue raisonné des œuvres, a ouvert les portes de son atelier à Canal Académie.
Dans cet entretien, il évoque ce que représente pour lui son travail sur les stèles, les sculpteurs qu'il a rencontrés, en particulier Germaine Richier et Claude Mary, dit son admiration pour Rodin et raconte avec humour, comment il a connu les fauteuils de l'Institut, bien avant d'être élu à l'Académie de beaux-arts.
Pour en savoir plus
- Gérard Lanvin, sur le site de l'Académie des beaux-arts