Fastes de Cour et cérémonies royales à Versailles
Eblouissante exposition présentée à Versailles sur les costumes de cour ! Toutes les dépêches des ambassadeurs relataient la splendeur de Versailles, l’éclat des réceptions et la richesse des costumes. Pierre Arrizoli-Clémentel, spécialiste des tissus, a fait revenir de toute l’Europe des tenues qui auraient pu composer la garde-robe royale que la France n’a pas conservée.
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Pierre Arrizoli-Clémentel, directeur général de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, évoque cette magnificence à l’occasion de l’exposition présentée au château, jusqu'au 27 juin, et consacrée aux Fastes de Cour et cérémonies royales. Le Costume de Cour en Europe de 1650 à 1800.
Successivement conservateur en chef du Musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon, puis du Musée des Arts décoratifs de Paris, M. Arrizoli-Clémentel a rejoint Versailles en 1997. Aujourd’hui, il est le commissaire général de cette exposition, avec pour adjoint Mme Pascale Gorget-Ballesteros, conservateur en chef du patrimoine à Galliera — Musée de la Mode de la ville de Paris.
Avec plus de deux cents œuvres rassemblées (costumes, joyaux, accessoires, tableaux, gravures et documents) émanant des plus grandes collections royales et impériales d’Europe et dont la plupart ne sont jamais sorties de leur pays, cette exposition est le troisième thème sur la vie de cour mis en scène à Versailles, après les Tables royales en 1994 et Quand Versailles était meublé d’argent en 2007-2008. C’est la dernière exposition réalisée par Pierre Arrizoli-Clémentel en sa qualité de Directeur général de l’Etablissement public, mais c’est celle qui lui tenait le plus à cœur, en dépit des difficultés dues à l’absence de pièces importantes dans les collections françaises.
A l’inverse des cours anglo-saxonnes, la France n’a pas conservé les garde-robes royales. L’usage de la « réforme » en est la raison principale : chaque année, les habits portés par le roi et la reine étaient abandonnés au Premier gentilhomme et à la dame d’Honneur qui les donnaient, les vendaient ou les faisaient transformer. Quant aux manteaux du couronnement de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, ils ont été détruits pendant la Révolution, lors du pillage de Saint-Denis. Alors que Louis XIV a donné ses lettres de noblesse au costume de cour avec « l’habit à la française » pour les hommes et le grand habit féminin, et que cette mode a été abondamment copiée dans les cours d’Europe, c’est grâce au manteau du sacre de George III d’Angleterre, aux habits des rois Gustave III de Suède et Auguste II de Pologne, des tsars Pierre Ier et Alexandre Ier, que l’on peut se rendre compte des fastes de la Cour de Versailles.
Les joyaux occupent une place importante aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La renommée des étoffes tissées à Lyon n’avait d’égal que le savoir-faire des couturiers parisiens. Draps d’or et d’argent, soieries façonnées, broderies métalliques, dentelles, diamants et pierres précieuses, cette variété d’étoffes et de parures illustre la diversité des fonctions du costume : expression du pouvoir politique et religieux mis en scène à l’occasion d’événements exceptionnels comme les mariages et les sacres, costumes d’une journée ordinaire du roi de la robe de chambre du roi Frédéric IV de Danemark à l’habit de chasse offert par Louis XV au roi Christian VII de Danemark, livrées des serviteurs, uniformes des gardes, mais aussi costumes «à la mode», témoins de la créativité du luxe français.
Rose Bertin, la marchande de modes de la reine Marie-Antoinette en est le meilleur exemple. Elle a travaillé pour les cours royales de Suède, d’Espagne, du Portugal et pour l’aristocratie russe dont la grande-duchesse Maria Feodorovna. Et pour faire connaître la mode de la cour française à ses clientes lointaines, elle leurs envoyait des «poupées mannequins de mode» habillées de ses dernières créations.
En savoir plus :
- Fastes de Cour et cérémonies royales. Le Costume de Cour en Europe de 1650 à 1800. Exposition présentée dans les salles d’Afrique et de Crimée du château de Versailles, jusqu’au 27 juin 2009, tous les jours sauf le lundi de 9 heures à 18h30.
- Colloque : le Centre de recherche du château de Versailles organise un colloque international sur le thème « Se vêtir à la Cour : typologie, usages et économie », au début du mois de juin.
Centre de recherche du château de Versailles
- Catalogue de l’exposition, sous la direction de Pierre Arizzoli-Clémentel et Pascale Gorguet-Ballesteros, 280 pages, 250 illustrations couleur.