La photographie du XIXe émerveille le XXIe !
Qui sait que le duc d’Aumale, en son Domaine de Chantilly, a rassemblé des photographies qui forment une collection exceptionnelle de chefs d’oeuvre ? Nicole Garnier, conservatrice, les a retrouvées et nous explique comment les plus fameux pionniers de la photo, de Baldus à Le Gray, se retrouvent au musée Condé pour notre plus grand ravissement ...
Toute sa vie, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, parcourut les contrées de l'art. De l'immense Domaine de Chantilly qu'il légua jadis à l'Institut de France, jaillissent aujourd'hui de véritables joyaux photographiques. On y croise des vues du Paris de Napoléon III mais aussi de Rome, d'Athènes ou d'Algérie, des reproductions d'oeuvres d'art, des portraits et même des reportages de guerre ! 1400 épreuves d'une exceptionnelle collection donnée en même temps que le Domaine de Chantilly, en 1886, par le duc d'Aumale, à l'Institut de France.
Ce grand esthète au sens artistique aiguisé, fut très certainement pionnier en art photographique. Dès les années 1850, il prend conscience de l'impact social et culturel de la photographie. Sa démarche de collectionneur, originale, est inspirée de sa vie personnelle et par ses engagements.
Nicole Garnier, conservateur général du patrimoine chargée du musée Condé-Château de Chantilly, nous décrit à travers cette émission une personnalité flamboyante et un homme aux goûts hétéroclites. Elle dévoile l'infatiguable voyageur (qui le fut par goût ou par obligation). Ayant vécu en exil pendant plus de 23 ans après la chute de la Monarchie de Juillet (1848), il s'est plu à se procurer des photos montrant le Paris de Napoléon III et ses bouleversements, saisis par l'objectif de Baldus ou des frères Bisson. Soldat vainqueur de la Smalah d'Abd-el-Kader en 1848 et gouverneur militaire d'Algérie, il acquiert les premiers reportages de guerre, comme des travaux de Roger Fenton (vues du siège de Sébastopol et des portraits des officiers présents en 1855), des images de la guerre de Sécession ainsi que des photographies dans la veine orientaliste, lui rappelant ses années sur le continent africain.
Comme le duc d'Aumale était un grand amateur d'art, il collectionnait tout particulièrement les photographies d'art (en témoignent les images des porcelaines de Sèvres de l'Exposition Universelle de 1855 signées Louis-Rémy Robert...) mais aussi des portraits de famille signés Gustave Le Gray, Luigi Caldesi, Ludwig Angerer.. qui possédaient, à ses yeux, un attrait purement esthétique pour cet art en devenir.
La découverte de ces inestimables et surtout miraculeux clichés sont une véritable mine d'or pour le musée Condé, au coeur du Domaine, mais aussi pour chacun d'entre nous puisque outre l'impressionnante collection de peintures italiennes et françaises (la plus importante collection en France après celle du Louvre pour la peinture ancienne avant 1850), de dessins et gravures, de livres et manuscrits ou encore d'objets d'art, le duc d'Aumale lègue à la France un patrimoine photographique exceptionnel.
En savoir plus :
- Du 21 octobre 2009 au 4 janvier 2010, le musée Condé présente une sélection de ses plus belles épreuves photographiques à partir de 1854 : premier reportage de guerre de Roger Fenton durant la guerre de Crimée, marines de Gustave Le Gray, architectures de Baldus et des frères Bisson, vues des Alpes par Braun, porcelaines de Sèvres de Louis-Remy Robert, etc.
- L'actualité des manifestations du musée Condé de Chantilly