Le rayonnement de Paris au XIIIe siècle : deux cents chefs d’oeuvre
Plus de deux cents oeuvres d’art représentatives du nouveau style parisien du XIII siècle sont réunies au Musée de Cluny à Paris : vestiges architecturaux, sculptures, enluminures et travaux d’orfèvrerie. À cette époque-là, Paris éblouit par son gothique rayonnant, comme en témoignent Notre-Dame et la Sainte Chapelle. Xavier Dectot, commissaire de l’exposition, nous ouvre les portes de ce siècle fondateur.
Au XIIIe siècle, Paris atteint un statut de capitale européenne et artistique. La présence du pouvoir royal et de l’Université, ainsi que sa prospérité économique, font d’elle une des grandes cités du monde médiéval.
Appréciée par les Capétiens depuis le Xe siècle, Paris devient le centre permanent du pouvoir royal sous le règne de Philippe Auguste. La ville s’impose comme un centre artisanal, commercial et artistique. La peinture et l’enluminure atteignent un niveau d’excellence rarement égalé. Le prestige de la cité et sa richesse économique entraînent un afflux de population. La cité s’étend, suscitant la création de nouvelles paroisses et l’établissement de nouvelles institutions dans la ville et ses faubourgs. Les chantiers de construction se multiplient et on passe du gothique classique au gothique rayonnant dès les années 1200-1225.
Grâce aux nouvelles techniques apportées par les immigrants et à la professionnalisation accrue des méthodes de production, le travail de la pierre est facilité. Les architectes et les maîtres-maçons échangent leurs idées, leurs modèles et leurs innovations. La structure des édifices s’allège et de fines moulures décoratives remplissent les façades avec souplesse et légèreté.
Notre-Dame de Paris et la Sainte-Chapelle illustrent ces recherches architecturales. Entreprise dès 1160 par l’évêque Maurice de Sully, la cathédrale gothique de Notre-Dame est complètement remaniée au XIIIe siècle afin de se mettre au goût du jour. Le décor devient inséparable de la sculpture, la grande rose de la façade reprend un motif utilisé à Saint-Denis, dont la forme rayonnante est emblématique du nouveau style. La Sainte-Chapelle marque un apogée de ce gothique rayonnant. Véritable reliquaire de pierre et de verre, elle fut construite à la demande de Saint Louis pour abriter la Couronne d’épines du Christ et quelques instruments de la Passion.
À l’image de l’architecture, la sculpture se fait plus légère. Les draperies sont fluides et les canons élancés. Les anges, aux doux sourires, coiffés de tresses et de boucles charmantes, enchantent les portails ; les guirlandes de lierre, de vigne vierge ou de feuilles de chênes enlacent les chapiteaux. Les fines colonnes en délit sont posées avec une telle élégance qu’elles semblent s’élever au ciel. Toute la statuaire témoigne à la fois de l’héritage de l’Antiquité et de la virtuosité des grands artistes du XIIIe siècle.
Les orfèvres, les enlumineurs et les miniaturistes sur feuillets d’ivoire succombent aussi au charme du gothique rayonnant. Les artistes parisiens savent manier, comme toujours, classicisme et préciosité avec un talent inégalé.
En savoir plus
Consultez le catalogue en ligne de la collection de sculptures du Musée de Cluny.
- Musée de Cluny, Musée national du Moyen Âge : « Paris, ville rayonnante », jusqu’au 24 mai 2010.
Renseignements : 01 53 73 78 16, www.rmn.fr, www.musee-moyenage.fr
- Musique : « Surrexit Christus », Maîtrise Notre-Dame de Paris, Ensemble Grégorien, direction Sylvain Dieudonné. Concert le 20/04/2010 à 20h30 à Notre-Dame de Paris. Et quelques chants des « Vêpres et Procession de Pâques à Notre-Dame de Paris au XIIIe siècle ».