Les chefs d’oeuvre de l’armurerie de Malte
Le musée de l’Armée expose les « Chefs d’œuvre de l’armurerie de Malte » jusqu’au 11 janvier 2009. Pour la première fois, hors de Malte, sont présentés les vestiges militaires de cet ordre composé de moines soldats, congrégation religieuse officialisée en 1113 par le pape Pascal II, qui, avant d’arriver à Malte, a servi en Terre Sainte puis à Rhodes.
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L’armurerie installée dans le palais des grands maîtres à La Valette, était à l’origine un simple arsenal collectif, dans lequel venaient puiser les chevaliers. Les grands maîtres et les dignitaires, pour lesquels posséder une armure richement ornée étaient un symbole de leur autorité et de leur souveraineté, la confiaient à la garde de l’armurerie qui les a conservées, ce qui nous permet de les admirer aujourd’hui.
L’une d’entre elles, l’armure dite de Verdelain, réalisée à Milan vers 1560-1570, pièce maîtresse de la collection a été immortalisée par le Caravage, lors de son passage à Malte (1607-1608) dans le portrait qu’il réalisa du grand maître Alof de Wignacourt (1601-1622), conservé au Louvre. Le chef suprême de l’ordre de Malte apparaît vêtu de cette armure ouvrage, tandis qu’un page, chevalier de minorité lui tend son armet. Aux Invalides, cette pièce est présentée en compagnie notamment d’un portrait du grand maître Pinto Manuel Pinto de Fontseca (1741-1773) par Pierre Bernard qui l’a revêtu pour la circonstance. A la différence de celui Wignacourt, le plastron de Pinto est lisse, seulement marqué par la croix blanches à huit pointes. Ce que nous retrouverons chez tous les dignitaires, depuis la seconde moitié du dix-septième et tout au long du dix-huitième. Alof de Wignacourt, conscient de sa dignité fit réaliser pour lui-même une armure des plus luxuriantes, celle d’un véritable souverain, un travail milanais, que l’on voit également dans une vitrine. Tous les grands maîtres ensuite firent exécuter leur portait d’apparat en armure.
Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, autrement dit les chevaliers de Malte, s’ils priaient Dieu et soignaient les malades selon leur vocation première, combattaient aussi contre les avancées ottomanes et barbaresques. Malte, rempart de la Chrétienté en Méditerranée, subit en 1565 ce que l’on a appelé le « Grand Siège » dont l’issue fut ressentie comme une éclatante victoire dans toute l’Europe. Le roi Philippe II d’Espagne offrit en hommage au grand maître Parisot de la Valette, une épée et une dague, dites de « La Religion », nom donné aussi à l’Ordre, car il la défendait, qui devinrent un des « regalia » de l‘investiture des grands maîtres. Bonaparte s’empara en 1798 de ce trésor qui est désormais conservé au Louvre qui, paradoxalement l’a rendu à Malte, le temps de cette exposition. Ces armes à la poignée très ouvragée est attribuée à Hans Muelich, orfèvre à Augsbourg. Bonaparte l’a confiée à son orfèvre Biennais, afin qu’il réalise un fourreau digne d’elle. Il en existe une réplique en Espagne. Et si la France, en ces temps de repentance, en faisait exécuter une copie pour l’offrir à Malte, pour compenser l’agression de 1798 ?
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Entre le glaive et la croix, chefs d'oeuvre de l'armurerie de Malte, Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides, jusqu’au 11 janvier 2009