L’opéra Welcome to the Voice au théâtre du Châtelet

Livret et mise en scène de Muriel Teodori, rencontre avec l’auteur
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Welcome to the Voice, L’amour d’une voix est une œuvre moderne, une histoire d’amour chantée entre un ouvrier et une cantatrice. Cet opéra en un acte, composé par Steve Nieve, écrit et mis en scène par Muriel Teodori, est présenté en novembre 2008, au théâtre du Châtelet, en création mondiale. Une expérience musicale originale et courageuse, où se réunissent voix du rock et voix lyriques, en hommage à la plus ancienne des histoires chères au cœur des hommes, l’amour, et à ce qui les lie, la voix.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : carr528
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Welcome to the Voice
© Marie-Noëlle Robert


Welcome to the Voice, L'amour d'une voix est un opéra contemporain en un acte. Le chanteur britannique Sting, son fils Joe Summer et Elvis Costello, tous issus de la scène rock internationale, chantent en compagnie de stars de l'opéra comme Sylvia Schwartz, Marie-Ange Todorovitch, Sonya Yoncheva et Anna Gaber. Loin des ingrédients habituels de l'opéra classique - drames, trahisons, amours et morts à la clé -, cet opéra du compositeur Steve Nieve se veut être une tragédie en bonne et due forme, mais qui finit bien : un «opéra utopique».


Dix ans de travail

Un ouvrier, Dionysos (Sting), passionné de musique et d'opéras, et une cantatrice, Lily (interprétée par Sylvia Schwartz), peuvent-ils se rencontrer et s'aimer ? L'amour peut-il avoir raison des barrières sociales et culturelles ? Une thématique classique pour un opéra d'un genre nouveau, qui met en œuvre d'improbables duos entre monde rock et monde lyrique, entre masculin et féminin, entre réalité et univers fantomatique : un équilibre réussi.



Muriel Teodori, dont Steve Nieve partage la vie, est écrivain, réalisatrice, philosophe de formation et psychanalyste. Leur propre rencontre les a conduits à l'écriture d'une œuvre commune. Steve Nieve, à la partition, et Muriel Teodori, à l'écriture du livret et à la mise en scène, travaillent depuis dix ans à cette création.


Un genre nouveau

Welcome to the Voice est-il un opéra d'un genre nouveau, symbolique du début du XXIe siècle ? Peut-il ouvrir la voie aux spectacles entre musique "savante" et musique "populaire" pour faire tomber guillemets et précautions jargonnantes ? Pour son compositeur, Steve Nieve, le XXIe siècle est celui de l'hybride et de la fusion : «... cette idée de fusion de la musique est complètement naturelle.» Cette œuvre réunit ainsi chanteurs pop et lyriques, quelques jazzmen solistes sur scène, l'Ensemble orchestral de Paris et le chœur du Châtelet.


Welcome to the Voice
© Marie-Noëlle Robert





Il correspond au choix d'une programmation audacieuse, défendue par Jean-Luc Choplin, à la direction du théâtre du Châtelet, qui souhaite ouvrir les portes de ce lieu parisien à un public curieux et amateur de nouveautés. Sting, dont l'opéra n'est pas le champ habituel d'expression, voit dans cette création musicale «une tentative pour combiner le monde du chant populaire, du chant prolétaire, et celui de la musique savante. C'est une œuvre courageuse et j'aimerais qu'on l'accepte pour ce qu'elle est».


Welcome to the Voice
© Marie-Noëlle Robert





Muriel Teodori retrace, dans cette interview, l'histoire de cette aventure musicale en collaboration avec son compagnon, Steve Nieve. En tant qu'auteur du livret, elle s'exprime sur son travail d'écriture et le sens de cette œuvre commune. Oser l'utopie, l'improbable est, pour Muriel Teodori, une nécessité au regard des difficultés sociales actuelles. La rencontre entre le monde d'un ouvrier, ici fictionnel, et le monde de l'art lyrique convoque les archétypes féminins de l'opéra - Carmen, Norma et Butterfly - sous la forme de trois fantômes, ravis de jouer avec la vie et le désir de Dionysos. Trois Parques, comme dans la mythologie et la tragédie grecque, incarnées par trois chanteuses lyriques, apparaissent au héros, fou d'opéra, de musique et d'amour. Metteur en scène du spectacle, Muriel Teodori parle des liens et des regards que les chanteurs en répétition posent entre eux, et évoque l'harmonie inattendue de leurs voix si différentes.


Une mise en scène poétique et colorée

La répétition générale a permis d'apprécier le décor, surtout présent sur les côtés de la scène, laissant le champ libre sur la partie centrale, comme une ouverture sur "les possibles" de l'histoire. L'unité de temps et de lieu est respectée. L'histoire de la rencontre entre Dionysos et Lily se déroule en une journée, dans la rue, devant l'opéra où la chanteuse se produit. A plusieurs reprises, de grandes ombres chinoises s'ajoutent avec grâce aux moments chorégraphiés, offrant une poésie visuelle assurée. Muriel Teodori a joué des couleurs et des lumières, dans un langage scénique accessible, jouant la dualité : bleu-gris pour les fantômes de l'opéra, rouge-orangé pour le monde ouvrier. Cette simplicité apparente donne au chant, au texte et à la musique la place d'honneur, un équilibre nécessaire pour un hommage à la voix humaine, à la parole, au langage et au chant, selon les vœux de l'auteur.


Welcome to the Voice
© Marie-Noëlle Robert






Pour en savoir plus :

- théâtre du Châtelet partenaire de Canal Académie.



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- Welcome to Steve Nieve

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