Rubens, Van Dyck, Jordaens et les autres : les baroques flamands à l’honneur
Le Musée Marmottan-Monet appartenant au patrimoine de l’Académie des Beaux-Arts présente des œuvres sélectionnées parmi les collections des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. On peut y admirer une quarantaine de toiles des anciens Pays-Bas méridionaux du « Siècle d’Or ». Tous les grands genres y sont représentés, de la peinture d’histoire à la nature morte, en passant par le portrait, la scène de genre et le paysage. Rencontre avec la commissaire de cette exposition, Madame Sabine Van Sprang, en visite à Paris.
Cette exposition inaugure un nouveau partenariat entre les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique et le Musée Marmottan-Monet parisien.
Madame Sabine VAN SPRANG nous raconte l’origine de ces échanges afin de faire connaître quelques trésors du Musée Monet au public bruxellois et une sélection de la peinture baroque flamande des Musées royaux aux parisiens. Grâce à ses explications, nous pouvons suivre l’historique de la constitution des collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Contrairement à d’autres grands musées européens, comme par ex. le Louvre ou le Kunsthistorisches Museum de Vienne, les Musées royaux n’ont pas hérité d’une collection princière. Cette institution est le produit de l’arrêté Chaptal lorsque le pays était sous le régime français à la fin du XVIIIe siècle. En 1811, la ville de Bruxelles devient propriétaire du Musée. Aujourd’hui, le Musée d’Art ancien comprend une des collections de peinture des anciens Pays-Bas méridionaux la plus importante au monde allant du XVe au XVIIIe siècle.
Après la guerre de religions, le pays a connu une période de paix avec le gouvernement des archiducs Albert et Isabelle de Habsbourg, période qui permit de développer l’économie et les arts. Une nouvelle dynamique se mit en place et le commerce d’art suivit. Anvers est alors le principal centre culturel et économique du pays, mais Bruxelles, où demeure la cour, attire aussi de nombreux artistes. Les archiducs sont eux-mêmes des collectionneurs passionnés d’art flamand. A la mort d’Albert en 1621, les Pays-Bas méridionaux reviennent à l’Espagne. Les gouverneurs se succèdent à Bruxelles jusqu’à l’arrivée de l’archiduc Léopold Guillaume de Habsbourg. Durant sa gouvernance des Pays-Bas (1647-1656), il réunira une collection exceptionnelle d’œuvres flamandes, hollandaises, allemandes et surtout italiennes que Teniers représentera dans une série de tableaux de cabinet. En 1656 à son retour à Vienne, l’archiduc emporta toute la collection où elle complètera les Collections Impériales des Habsbourg que l’on peut admirer au Kunsthistorisches Museum.
Ensuite, Sabine Van Sprang nous introduit dans cet univers fascinant de la scène artistique en Flandre au XVIIe siècle.
Peinture baroque flamande
Sabine van Sprang nous fait comprendre les particularités de l’appellation BAROQUE de la peinture flamande du XVIIe siècle que l’on pratiquait dans les différents centres, Anvers, Leyde, Utrecht, Liège, Bruxelles ou Amsterdam.
Visite des salles d’exposition
La Peinture d’histoire
La peinture religieuse flamande connaît dans le premier tiers du XVIIe siècle un renouveau dont la première impulsion, encouragée par les très catholiques archiducs Albert et Isabelle, vient de la nécessaire restauration des lieux de culte saccagés pendant les troubles.
Pierre Paul RUBENS, représente certainement la figure dominante de la peinture d’histoire, la peinture religieuse, mythologique ou allégorique. Il est rappelé d’Italie, s’installe à Anvers et est nommé peintre de la cour qui siège à Bruxelles, mais il réussit à garder et à développer son atelier anversois.
Bertholet Flémal, La Mort de Pyrrhus, Le style classique qui caractérise en général le œuvres de Bertholet Flémal trouve sa meilleure expression dans ses tableaux historiques ou mythologiques. En traitant des sujets inspirés du monde antique gréco-romain, l’artiste peut étaler ses connaissances archéologiques et donner libre cours à son goût pour les architectures classiques. Ce tableau illustre le moment où Pyrrhus, brutalement attaqué par des soldats, se réfugie près de l’autel d’Apollon.
Le portrait
Parmi d’autres portraits, deux magnifiques toiles de Van Dyck sont présentées dans cette exposition : Portrait d’Alexandre della Faille, secrétaire de la ville d’Anvers, et Portrait du père Jean Charles della Faille, S.J. 1597-1652. La renommée de Van Dyck dans l’art du portrait est telle que Charles Ier d’Angleterre le prendra à son service en 1632.
La peinture de genre
Le tableau de genre connaissait un succès croissant depuis le XVIe siècle, notamment à la suite de Pierre Bruegel l’Ancien. Elle faisait le bonheur de la clientèle étrangère, surtout française. Dans les années 1630, plusieurs maîtres flamands en font l’une de leurs spécialités, parmi lesquels David Teniers le Jeune, David II Ryckaert et Gillis van Tilborch. Ces artistes reprennent des thèmes développés en son temps par Bruegel et dépeignent le plus souvent des êtres aux comportements excessifs dans le but de faire (sou)rire mais aussi de rappeler les règles d’une bonne conduite chrétienne.
Le paysage
Depuis longtemps, les peintres flamands étaient réputés pour leurs paysages. Au cours du XVIe siècle, le genre s’était imposé aux Pays-Bas comme une spécificité artistique à part entière et des paysages furent exportés dans toute l’Europe.
La ligne de démarcation entre la scène de genre et le paysage n’est pas toujours facile à tracer. En particulier pour ce qui concerne certaines scènes rurales de Teniers, Frans de Momper ou Jan Siberechts situées dans une vaste campagne riante. Ces compositions rendent hommage à la beauté du terroir brabançon. Il en va de même des réalisations de Lucas van Uden, dont le chromatisme chaud est emprunté aux paysages de Rubens et annonces ceux de Jan III de Momper.
De son côté, Paul Bril, installé à Rome, ouvre dès de tout début du XVIIe siècle la voie au paysage classique de Claude Lorrain et Nicolas Poussin, par la fusion qu’il opère entre la tradition du paysage flamand et le naturalisme idéalisé des Carrache.
La nature morte
Prisés pour leur capacité à restituer le monde au naturel dans leur peinture, les flamands excellent aussi dans l’art de la nature morte et de la composition florale. Au début du XVIIe siècle, Frans Snyders crée des tableaux de cuisine et de gibiers opulents sur le mode baroque qui bouleversent le genre. Ses compositions auront une profonde influence sur Adriaen van Utrecht et Jan Fyt, dont les natures mortes et les scènes animalières frappent par la richesse des couleurs et des touches, le dynamisme et le rendu des textures. Tous deux furent des artistes admirés de leur temps.
Pour en savoir plus :
- Exposition RUBENS, VAN DYCK, JORDAENS et les autres. Peintures baroques flamandes des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique au Musée Marmottan Monet du 20 septembre 2012 au 3 février 2013.
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Catalogue de l’exposition publié par le Musée Marmottan-Monet et les Editions Hazan. Une ouvrage richement illustré qui comprend, outre les notices détaillées de chaque œuvre écrites par les conservateurs des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, une introduction sur la formation de la collection et un essai original, dû aux professeurs Hans van Miegroet et Neil De Marchi (Duke University) sur l’engouement du public français dès le XVIIe siècle pour la peinture des anciens Pays-Bas.
Bilingue français/anglais, 224 pages – 100 illustrations, 29 euros.
- Musique : Ludwig van Beethoven, Cello Sonate N° 4 Op. 102 N°1, Edgar Moreau, violoncelle, Pierre-Yves Hodique, piano
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