"Sculpture paysage" de Jean Anguera

Jean Anguera a grandi auprès d’un père médecin. Mais on pourrait dire qu’il est né dans la sculpture. Sa mère, Pierrette Gargallo sculptait, son arrière-grand-père espagnol Pablo Gargallo également. Entouré de sculptures, entre celles de la famille ou des amis du couple, c’est vers l’architecture qu’il s’est pourtant tourné dans sa jeunesse de "tendre conspirateur". En 1978, il choisit finalement la sculpture et entre dans le l’atelier de César aux Beaux-arts de Paris. On dit qu’il est parfois difficile de s’inscrire dans une lignée d’artistes, un a priori que dément son œuvre.

Jean Anguera est né en 1953 à Paris et vit à Givraines dans le Loiret. Il a reçu le Prix de sculpture de la Fondation Simone et Cino Del Duca sur proposition de l'Académie des beaux-arts en 2012 pour l'ensemble de son œuvre : le plus grand prix de sculpture en France, d'un montant de 50 000 euros. Au moment de cet enregistrement, il exposait au musée du Compa à Chartres. L'exposition "Images/Paysages" réserve un très bel espace à ses sculptures et ses dessins à l'encre de Chine, grands formats : une carte blanche laissée à l'artiste qui interroge notre regard sur le paysage à sa manière.

Les titres de ses expositions personnelles témoignent d'une thématique centrale dans son œuvre : celle du paysage.
Citons : Cinq portraits/cinq villages (1993), Figures du paysage (1994), De la présence et du lieu (1997), Pensée du paysage (1999), L'intime du dehors (2004), Terre d'appui (2006), Le paysage à travers l'homme (2008), L'homme jusqu'à la plaine (2011), Le paysage sculpture (2012).

Jean Anguera a eu l'occasion de présenter des expositions personnelles chaque année depuis 1993 et de participer à des expositions collectives où ses sculptures aux formes allongées semblent prendre appui sur un horizon ferme, paradoxalement invisible, indivisible de la sculpture. Leurs points d’appui dans le vide de l’espace qui les entoure ou qu’elles habitent, simulent pincées légères, pointes fines, touches fines. Ses volumes de pleine densité semblent étirer la matière donc le regard.



Jean Anguera est un modeleur. L’argile est sa terre. Ses résines noires de polyester, de cendre, de terre cuite, de sable et d’acrylique étirent, étalent ou densifient les volumes qu’il propose. Les surfaces travaillées de ses sculptures par des stries, des plis, des plissements, des entailles diffractent une lumière de poussière blanche sur des volumes gris et noirs énigmatiques. Formes humaines, paysages, promeneurs, sentinelles, silhouette assise faisant corps avec le sol : voici ce qu évoquent ses sculptures à celui qui les regardent. C’est souvent un homme en marche qu’il nous propose. D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

Cette terre est celle de la plaine, vaste et infinie où la marche est le temps de la méditation. Dans la plaine, le regard n’a que l’horizon pour repère. Mais qu’est-ce que l’horizon pour Jean Anguera ?



Dans cette interview, l’artiste revient sur les rencontres qui ont compté dans sa formation de sculpteur à l’École Nationale Supérieure des beaux-arts de Paris, mais aussi auprès Jacques Lecoq et auprès de l’architecte scénographe Jacques Bosson, des personnalités du monde du théâtre. Il s'exprime sur le choix de ses thématiques, sur ses dessins et ses sculptures qui révèlent une sorte de voyage intérieur qui conduit à la méditation sur l'homme à l’opposé de réalité quotidienne. La section de sculpture de l’Académie des beaux-arts a choisi à l’unanimité de saluer l’originalité et la force de l’œuvre de Jean Anguera en le proposant comme lauréat du Prix de sculpture de la fondation Simone et Cino del Duca 2012, la plus importante des récompenses en sculpture en France.

Depuis 1990, son épouse Laure de Ribier collabore étroitement à la réalisation de ses sculptures dont certaines sont signées de leurs deux noms. Jean Anguera a commencé à être représenté par la galerie Marwan Hoos qui a exposé son travail à la FIAC et à la Feria Arco de Madrid. En 2011, la Galerie Michèle Broutta présentait ses œuvres récentes et le musée de Goya de Castres lui consacrait une exposition.
Le sculpteur a fait une belle rencontre avec le poète Salah Stétié d'où un livre est né et dont le texte est signé du poète : Jean Anguera, sculpteur de l'impalpable de Salah Stétié, aux Éditions Kallimages (2011). L'exposition présentée au Compa (le Conservatoire de l'agriculture à Chartres), haut-lieu culturel de la ville de Chartres, centrée autour du monde paysan s'est déroulée du 13 avril 2012 jusqu'au 31 décembre 2012.

Pour en savoir plus

- Fondation Simone et Cino Del Duca,
10 rue Alfred de Vigny, Paris 75008

- Académie des beaux-arts :
- Prix et fondations de l'Académie des beaux-arts

- Jean Anguera, Exposition : "Le paysage sculpture" au Compa de Chartres , 30 mars 2012 - 30 décembre 2012 sur le site internet du Compa.
- Le Compa, le conservatoire de l'agriculture de Chartres.
- Livre sur Jean Anguera : Salah Stétié, Jean Anguera, sculpteur de l'impalpable, Éditions Kallimages (2011)
- [Site de l'artiste Jean Anguera
->http://www.anguera.fr/-Avant-Propos-.html]