Sur le Pont des arts avril 2012 : "le Salon international du Livre Ancien, de l’Estampe" et l’exposition "Portraits. Collections du Centre Pompidou"
Marianne Durand-Lacaze vous propose de retrouver le conservateur Jean-Michel Bouhours pour évoquer le beau thème du portrait revisité par l’effervescence des courants d’arts qui ont traversé le XXe siècle. Découvrez ainsi les portraits des collections de Beaubourg, qui font actuellement l’objet d’une exposition à la Fondation Gianadda ainsi que les trois jours du Salon international du Livre ancien, de l’Estampe et du dessin, fin avril à Paris, présenté par Mireille Romand au micro de Canal Académie, à quelques jours de son ouverture au public. "Sur le Ponts des arts "vous informe aussi et d’abord de l’actualité des académiciens et des Prix et concours de l’Académie des beaux-arts.
L’actualité des académiciens
Après la rétrospective que lui a consacré la ville de Bordeaux en octobre 2011, le graveur Louis-René Berge, membre de l’Académie, expose à la Galerie Nabokov (Paris, 1er arrondissement) avec l’artiste graveur Catherine Gillet : l’occasion de découvrir le travail de deux personnalités de générations différentes, liés par la passion du burin.
Le photographe, Lucien Clergue, donne mi-mai à Varsovie, une conférence intitulée 60 ans de photographie .
Le peintre, sculpteur et designer Guy de Rougemont présente jusqu’au 28 avril Rougemont Lumières, à la Galerie Detais (Paris 11e).
Le peintre Vladimir Velickovic présente au Musée des beaux-arts de la Havanne, une exposition consacrée à ses dessins récents.
Le chef d’orchestre Laurent Petitgirard, dirige le 18 mai à Kiev, son concerto pour violoncelle avec l’Orchestre national d’Ukraine et Serge Solvachevski.
Léonard Gianadda, mécène et photographe a été élu en 2001 au fauteuil de l'historien de l'art Federico Zeri, le plus célèbre d'Italie décédé en 1998.
Dans l’actualité des académiciens associés étrangers, tel est leur titre, au nombre de 16, parmi lesquels Norman Foster et Woddy Allen, Léonard Gianadda, offre au public une exposition thématique de premier plan, très originale : Portraits. Collections du Centre Pompidou. Il reçoit comme invité, à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny en Suisse, qu’il a créée en 1977, le Musée d’art moderne du Centre Pompidou. Des œuvres majeures de la collection de ce dernier, sont ainsi prêtées, à la suite du Musée Pouchkine, du Metropolitan Museum de New-York ou la Philips Collection de Washington accueillis précédemment.
Léonard Gianadda, ingénieur de formation, a un jour tout lâché pour l'art. Défenseur, passionné, photographe, il fait de sa fondation en Suisse, un lieu dédié à tous les arts. L'endroit a rencontré depuis sa création, l'adhésion sans cesse renouvelée du public.
La photographie joue un rôle important dans son parcours d’ingénieur-mécène. Dans les années cinquante, il en fait son premier moyen d’expression artistique en partant à la découverte de l’art en Italie. Reporter photographe pour la presse du Valais, il parcourt les cinq continents. Puis à 22 ans, il rencontre Georges Simenon de séjour à Lausanne. Dès lors, ses reportages s’enchaînent à un rythme soutenu lors de ses périodes de vacances car il est étudiant à l'École Polytechnique fédérale de Lausanne. L’exposition Portraits-Rencontres, en parallèle de l’exposition Portraits. Collections du Centre Pompidou tente une relecture de son œuvre dans laquelle le portrait tient aussi une place importante. Cette exposition de 120 tirages, est accompagnée d'un catalogue. Elle a ouvert ses portes le 2 mars et vous avez jusqu'au 24 juin 2012 pour vous y rendre.
Dans cette émission, vous pouvez entendre une interview de Jean-Michel Bouhours, conservateur aux collections modernes au Centre Pompidou et, commissaire de l'exposition Portraits. Collections du Centre Pompidou, à voir jusqu'au 24 juin 2012 à Martigny.
L'exposition organisée à la fois par la Fondation Gianadda et le Centre Pompidou-Paris, rassemble une soixantaine d'œuvres couvrant le XXe siècle. Une époque pour laquelle, la question de la survie même de ce genre pictural, éminemment classique s'est posée. Il ne s'agit plus pour la peinture d'être dans le camp de l'imitation. Mis à part l'abstrait et le monochrome, aucun des courants artistiques du siècle dernier, n'a eu raison de l'exercice. Les plus grands maîtres, Picasso, Matisse, Derain et Vlaminck, vers 1906-1907 ont découvert les masques africains. Puis ils ont cherché à concilier le sujet humain, le visage, avec les pistes qu'ils exploraient les années suivantes. Aujourd'hui, cent ans plus tard, "se faire tirer le portrait", ici et maintenant, est d'une banalité telle que "l'image de son image" s'est imposée dans les médias contemporains.
Afin de plonger dans le visage, Jean-Michel Bouhours a opéré une sélection de peintures et de sculptures au sein des portraits habituellement exposés chronologiquement sur les cimaises de Beaubourg et au sein des réserves. L'aventure, la grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose d'inconnu chaque jour, dans le même visage, c'est plus grand que tous les voyages autour du monde, disait à son propos, Giacometti, exclu du groupe des surréalistes par André Breton en 1935.
Jean-Michel Bouhours a choisi 5 temps forts qui ponctuent le parcours de l'exposition résolument thématique mêlant époques et genres, sculpture et peinture : Les mystères d'une âme, Autoportraits, Le visage à l'épreuve du Formalisme, Chaos et désordre ou l'impossible permanence de l'être, Après la photographie. Jean Clair, de l'Académie française préface le catalogue de l'exposition. S'il a raconté ailleurs l'histoire du portrait en peinture, pour lui, L'invention de la psychanalyse, la négation de l'individu par les totalitarismes, l'anéantissement de l'identité dans les camps d'extermination nazis, la généralisation de la photographie qui remplira la fonction de repérage de l'individu par la bureaucratie (photographie d'identité), la subversion du Moi par un pseudo-imaginaire collectif créé par les média crée un contexte sociétal auquel il faut ajouter celui de l'art, avec les abstractions, la perte du "sujet" dans l'idéal collectif des avant-gardes : tout semble concourir au sentiment de l'avènement d'un monde acéphale. «Visage» : c'est risquer là un mot difficile. Qu'est-ce qu'un visage ? Que veut dire «dévisager»? Dans l'autoportrait, c'est le peintre lui-même qui se regarde, dira-ton, Cela ne regarde que lui. Pas tout à fait pourtant, dès le moment où l'œuvre devient publique, a été faite pour devenir publique - car il n'existe pas d'œuvres secrètes et moins encore destinée à le demeurer : tout, un jour, vient au grand jour.
Dans cet entretien, Jean-Michel Bouhours nous rappelle comment Pline l'Ancien prête l'invention de la peinture à une jeune fille de Corinthe qui traça sur un mur le contour de l'ombre portée de son fiancé qui devait partir en voyage. Entre cette image spéculaire et le portrait, un monde existe. L'image du portrait perdure au-delà de la séance de pose à l'atelier. À l'inverse du processus décrit par Pline l'Ancien, Alexander Calder nous a laissé en 1929, une œuvre en fil de fer, intitulée Masque, structure évidée, à la fois transpercée par la lumière et dont l'ombre projetée est mobile et multiples, libérant ainsi le dessin et la ligne dans l'espace. Une œuvre emblématique, exposée à Martigny.
Le commissaire évoque dans l'interview, le portrait "Byzantinerin (Helle Lippen), d'Alexei von Jawlenski (1864-1941), réalisé en 1913, une œuvre représentative du fauvisme et de l'expressionnisme au visage "géométrisé", les yeux cernés d'un trait noir en forme de losange, dont le visage, le cou et les épaules sont cernés d'un trait bleu épais qui isole cette figure humaine d'un décor abstrait, lui conférant une "aura", à la manière des icônes byzantines, ici revisitées.
Il évoque également le tableau troublant de Giorgio de Chirico (1888 - 1978), Ritratto dell’artista con la madre de 1919, portrait et autoportrait. La toile présente au premier plan un portrait de la mère de l'artiste dont les traits du visage rappellent pratiquement trait pour trait celui de l'artiste, peint sur une toile placée à l'arrière-plan. Cette figure tautologique du portrait à l'intérieur du portrait n'aurait rien d'extraordinaire si la ressemblance sous les traits d'une mère extraordinairement masculinisée, n'introduisait entre le sujet et le portrait, à savoir entre la mère et le fils, une réelle ambiguïté, un trouble, au point qu'il soit permis d'assimiler l'un à l'autre (J.M. Bouhours).
Conserver la réalité du visage au-delà de toutes les convulsions de l'époque tant politiques qu'esthétiques est une grande leçon de l'art au XXe siècle.
La collection du Centre Pompidou comprend le fonds du musée du Luxembourg, créé au début du XXe siècle. C'est sur la base d'un l'ensemble exceptionnel de 65 000 œuvres appartenant au Centre Pompidou, l'une des plus grandes collections mondiales de référence, qu'est extraite la présente exposition où sont présentes toutes les grandes figures du siècle passé : Matisse, Picasso, Bacon, Chagall, Jean Fautrier, Georg Baselitz, Max Beckmann, Gino Severini, Jacques Villonect. Le choix des œuvres y est exemplaire.
Prix et concours de L’Académie
Les inscriptions de trois des grands Prix et concours de l’Académie ouvrent en avril. Pour toute information, téléchargement des dossiers ou des inscriptions, consultez le site Internet de l’Académie des beaux-arts ainsi que pour tout connaître des modalités de ces concours. Les jurys sont composés d’académiciens et les prix sont décernés sous la Coupole de l’Institut de France lors de la séance annuelle en novembre de chaque année.
Depuis le 17 avril, les candidats peuvent concourir pour le Grand Prix d’architecture 2012. Les dossiers d’inscription peuvent être envoyés jusqu’au 25 mai inclus. Le sujet de cette année est « la maison ». Un thème qui ne devrait pas manquer d’attirer de nombreux candidats. Qu’on la juge « petite-bourgeoise », maison de catalogue, pavillon de banlieue, abri, cabane, villa, demeure, hôtel particulier, les candidats peuvent la concevoir comme un objet autonome, singulier, isolé ou articulé à d’autres. Le libellé du sujet, non sans humour, « Maison garder », invite les jeunes architectes, étudiants ou professionnels de moins de 35 ans, à débrider leur imagination pour faire naître sous le dessin de leur main et des ordinateurs, une maison adaptée aux relations familiales et sociales d’aujourd’hui. A chacun d’interpréter le texte du sujet, disponible sur le site de l’Académie…
Depuis le 13 avril, le prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière-Académie des beaux-arts est ouvert. Il récompense l’auteur d’un projet photographique qui doit être réalisé l’année suivante et qui, outre le montant du prix, bénéficiera d’une exposition à l’Institut de France. Le sujet est libre. La date du 29 juin marque la clôture des candidatures.
Depuis le 14 mars et jusqu’au 15 juin 2012, le concours du Prix du Cercle Montherlant-Académie des beaux-arts est ouvert aux candidatures. Il récompense l’auteur d’un ouvrage en langue française illustré et consacré à l’art.
Le Salon du Livre Ancien, de l'estampe et du dessin, 27, 28, 29 avril 2012 au Grand Palais à Paris
Sous l'immense verrière du Grand Palais, 150 librairies du monde entier et 50 galeries d'estampe et de gravure mettent en lumière des documents rares et originaux : manuscrits, ouvrages savants ou populaires, reliures somptueuses, livres d'artistes, photographies, cartes anciennes, estampes et dessins anciens ou modernes, venus des quatre coins du monde.
L'invité d'honneur de l'édition 2012 est la bibliothèque du Barreau de Paris avec une exposition de ses collections exceptionnelles, sur le thème de La Justice. Pratiquement jamais exposées, rarement montrées, vous pourrez voir des incunables et des livres évidemment rares et précieux du XVIe siècle à nos jours. L'amateur d'autographes devrait être comblé par les manuscrits d'avocats ayant plaidé les plus grandes causes, celle d'Émile Zola, d'Alfred Dreyfus, du Maréchal Pétain, à titre d'exemple. Toutes ces pièces proviennent de la Bibliothèque des avocats, située au cœur du Palais de Justice à Paris et non accessible au public.
Du côté des libraires, l'événement est organisé par le Syndicat national de la Librairie ancienne et moderne. Du côté des galeries, la Chambre syndicale de l'Estampe, du Dessin et du Tableau, forte de 90 membres, organise ce salon annuel consacré à l'estampe originale pour la sixième année consécutive en association avec le Salon international du Livre Ancien. La sélection des participants est très rigoureuse et reflète la volonté d'organiser ce salon dans sa forme pour montrer la richesse et la diversité de l'estampe et du dessin. La Chambre syndicale, organisatrice et financière de l'événement est indépendante. Pour une somme modique, amateurs et bibliophiles devraient trouver de quoi satisfaire leur curiosité comme les 40 000 visiteurs du salon l'an dernier.
Le succès de ce salon de rang international se confirme d’une année sur l’autre l’importance de Paris, comme capitale incontournable dans le domaine du dessin et de l’estampe, d’autant que la capitale voit également en mars un public toujours plus nombreux autour de l’actualité du dessin avec les deux salons qui se déroulent régulièrement en mars au palais de la Bourse pour le Salon international du dessin et au Louvre avec Drawing now pour le dessin contemporain.
Pour le plus grand plaisir des visiteurs sont réunis des œuvres sur papier qui relèvent des plus grands maîtres , pour les pièces les plus anciennes, par exemple Goya ou Dürer, et , pour les pièces plus modernes, un choix proposé qui va de Delacroix à Baselitz, avec également des affiches et des estampes japonaises
-
Au programme donc le choix de la diversité des œuvres, des milliers de documents de qualité exceptionnelle qui témoignent de la richesse du patrimoine culturelle dans une ambiance calme, où on prend son temps passant d’un coin de librairie à l’autre, d’une galerie à une autre. C’est une des plus belles manifestations du genre en France et l’une des plus importantes au monde.
Depuis 2006, le Département des Estampes et de la Photographie de la
Bibliothèque nationale de France apporte son soutien au Salon en exposant certains de ses chefs-d’œuvre sous les thèmes les plus variés : « De la Nature » (2007), « Voyages » (2008), « Chefs-d’œuvre » (2009), « Le Corps » (2010), « Politiquement correct » (2011). En 2009, le Musée du Dessin et de l’Estampe Originale de Gravelines présentait un choix de ses collections sous le thème« Quand la musique se grave ».
Cette année encore, la BnF propose une sélection d’œuvres précieuses et insolites sur les arts de la table, « A table ! ». caricatures, outrances alimentaires, festins historiques.
Le département des Estampes est riche de projets gravés ou dessinés de pièces de vaisselle ainsi que d’une très belle collection de menus des XIXe-XXe siècles dont quelques exemples sont exposés. Enfin, le sujet s’est prêté et se prête toujours à la bonne chère rabelaisienne : le Pantagruel gravé en bois de Gustave Doré constitue donc une pièce de choix dans l’exposition.
Bien plus qu’une simple manifestation commerciale, le Salon International du Livre Ancien, de l’Estampe et du Dessin est conçu comme un véritable lieu de découverte et d’initiation pour le grand public. Des lectures, des concerts, des visites guidée permettent aux visiteurs de se familiariser ou de s'initier à la bibliophilie ou à l'art de l'estampe et de découvrir une part méconnue de notre patrimoine et de notre mémoire collective.
Mireille Romand, présidente de la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau, à ce titre, organise le Salon international de l’Estampe et du Dessin qui se tient donc à Paris à la fin du mois d’Avril à Paris : le 27, 28, 29 avril. Elle présente cet événement culturel original et de belle qualité au micro de Canal Académie.
Dans l'actualité des arts, "Sur le Pont des arts braque son projecteur sur Goya, sa gravure, Les Caprices à l'occasion de la sortie d'un DVD de la société de Production Gallix.
El sueño de la razon produce monstruos fait partie de la première grande suite de gravures composée par Goya entre 1797 et 1798, et publiée par lui en 1799, Les Caprices. Goya (1746-1828) y montre l’homme dominé par les forces de l’animalité, les vices, les passions, l’égoïsme, le mensonge, la vanité. Il y dénonce avec un humour noir les injustices sociales, la superstition, le fanatisme, les privilèges d’Ancien Régime. Le film montre comment l’artiste, par sa maîtrise des rapports entre l’eau-forte et l’aquatinte, nous entraîne vers le surréel. Ses auteurs Bertrand Renaudineau et Gérard Emmanuel Da Silva, par un matériel cinématographique très sophistiqué font entrer le spectateur au plus près de la gravure. L’idée de la collection est de confronter les maîtres du passé comme Dürer, Callot, Rembrandt, Goya avec l’œuvre d’un graveur contemporain. Les gravures de José Hernandez dialoguent dans ce DVD avec celles de Goya sous le regard de Maxime Préaud, conservateur général au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France.
Pour en savoir plus
- Académie des beaux-arts : prix et concours (renseignements et inscriptions)
- Académie des beaux-arts : les membres de l'Académie, associés étrangers (liste et biographie)
- Léonard Gianadda, membre associé étranger de l'Académie des beaux-arts
- Salon du livre ancien, de l'Estampe et du dessin
Grand-Palais à Paris, 27, 28, 29 avril
- Site de l'événement
Ouverture de 11h à 20h
Tarifs : 8 €
Exposition Portraits. Collections du Centre Pompidou, à la Fondation Pierre Gianadda
- Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59
1920 Martigny, Suisse
Contact : info@gianadda.ch
site: www.gianadda.ch
Horaires : tous les jours de 10h à 18h
Accès
Correspondance gare CFF par bus (arrêt Fondation Pierre Gianadda) ou train Martigny-Orsières (gare Martigny-Bourg).
Train panoramique Chamonix - Mont-Blanc - Châtelard - Martigny : 1 h 45.
Paris - Lausanne (TGV) - Martigny : 5 h
- La Société de production Gallix